Au terme de sa vingt-sixième saison musicale, la Société d’art vocal de Montréal a accueilli avec émotion et enthousiasme le brillant récital du baryton québécois Laurent Deleuil, accompagné à merveille par le pianiste Pierre-André Doucet au Conservatoire de musique de la rue Henri-Julien. Le programme était entièrement constitué d’oeuvres de musiciens québécois sur des textes de poètes également d’ici ou sinon de l’Hexagone.
Le programme nous a révélé quelques remarquables chefs-d’oeuvre inconnus ou méconnus. Je songe notamment aux Soirs d’Automne d’Émile Nelligan mis brillamment en musique par Charles Baudoin (1877-1961). Il s’agit là d’un grand chef-d’oeuvre musical en ce qu’il fait surgir la plus parfaite évocation de l’émotion d’aliénation sentimentale chez Nelligan.
Baudoin réussit ce tour de force par l’effet magistral d’une mélodie épousant parfaitement, par modulations successives audacieuses, les vers sublimes du poète. Autre réalisation à souligner de sa part, le fameux Sonnet pour Hélène de Pierre de Ronsard (1524-1585) dont la musique épouse adroitement le texte, un peu avec ce grand style musical ravissant et émouvant qu’on retrouve toujours dans les airs d’Ernest Amédée Chausson (1855-1899,) peut-être le plus sous-estimé des grands maîtres de l’art lyrique hexagonal.
Je pourrais répliquer les mêmes commentaires musicaux pour l’invention musicale séduisante autour du poème Le sabot noir d’Émile Nelligan ressuscité devant nous par le même compositeur québécois Charles Baudoin sous les doigts de Doucet et la voix de Deleuil.
Un autre poète québécois au nom peu connu de Pierre Joseph Dupuy (1877-1961) bénéficie de cet honneur significatif d’avoir vu son poème Jour d’automne être mis magistralement en musique par un autre musicien québécois soit Auguste Descarries (1896-1958). L’air composé est hautement original, projeté par la voix inspirée, juste, à diction absolument parfaite de Laurent Deleuil.
Chaque prestation emportait donc l’âme dans des sphères tout aussi idéales tel ce moment inoubliable lors de l’interprétation du poème archi connu de Paul Verlaine (1844-1896) intitulé En sourdine. Mais ce qu’a accompli le compositeur Descarries mérite une très large diffusion tellement il en surgit de toutes parts une beauté esthétique envoûtante, je dirais au moins à la mesure de ce que Fauré et Debussy réussirent à en tirer.
Les interprétations du baryton furent donc d’une haute qualité artistique et artisanale, rappelant tout à fait la clarté, la rondeur, la brillance la profondeur aussi des indiscutables voix légendaires que furent Jean-Paul Jeannotte, Camille Mauranne, Bruno Laplante et Gérard Souzay.
Comme toujours, on fait les choses avec décorum et élégance à la Société d’Art vocal de Montréal sous la gouverne du directeur André Lemay Roy qui annonçait que, dès le 3 juillet prochain, une grande vente de partitions musicales aura lieu au café de la rue Atateken, comprenant aussi des disques vinyles, des compacts ou DVD et des livres rares tous obtenus depuis plus de 25 ans à la réception de dons de succession de leurs fidèles mélomanes montréalais et québécois.
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