Le célèbre écrivain et comédien Éric-Emmanuel Schmitt a su toucher le public avec sa pièce : Madame Pylinska et le secret de Chopin, présentée mardi soir, à la Place des Arts. Le Franco-Belge joue tous les personnages de l’adaptation scénique de ce roman largement autobiographique, publié en 2018. À ses côtés, le pianiste Nicolas Stavy interprète de nombreuses pièces de Chopin dont la musique est au coeur de ce spectacle émouvant et souvent drôle.
Leçons de piano, leçons de vie
À 64 ans, Schmitt habite la scène durant deux heures en se métamorphosant d’une réplique à l’autre. Un simple boa autour du cou lui suffit pour ressusciter Madame Pylinska, cette professeure de piano qui ne jure que par Chopin. C’est à elle que le jeune Éric avait fait appel, pour qu’elle lui apprenne à mieux jouer les valses, nocturnes ou barcarolles du grand compositeur franco-polonais.
Avec ses recommandations peu orthodoxes et souvent intrusives, la dame finira par transformer la vie du jeune homme qu’elle incite, entre autres, à s’éclater sexuellement pour se décrisper. Madame Pylinska conseille aussi à son élève de s’installer dans un parc pour observer les feuilles des arbres qui virevoltent et écouter le silence.
À travers des répliques qui semblent saugrenues, à prime abord, cette femme à l’accent slave et au ton autoritaire amène son interlocuteur à plonger au plus profond de lui-même pour découvrir qui il est vraiment, en demeurant fidèle à sa personnalité.
Double vie
La musique de Chopin était tout aussi fondamentale dans l’existence d’une autre femme qui a joué un rôle majeur dans l’évolution d’Éric… Il s’agit de sa tante Aimée qui prenait plaisir à poser ses doigts sur le clavier et plonger dans les partitions de ce grand romantique.
En agitant délicatement un éventail, le comédien se glisse dans la peau de cette dame qui a longtemps souffert d’être en relation avec un homme marié. Par contre, avec le temps, elle en est arrivée à la conclusion que cette double vie lui convenait parfaitement puisque, lorsque son amant était retenu par des obligations familiales, elle pouvait s’abandonner pleinement à sa passion pour Chopin dont l’oeuvre la vivifiait.
Tout en douceur, la musique fait écho aux confidences et les réflexions ouvrent la porte à une sorte de méditation.
Cela dit, malgré son originalité, ce spectacle traîne en longueur. On finit par se lasser du retour incessant des quelques personnages impliqués. Quant au pianiste, Nicolas Stavy, on nous avait prévenu, en début de soirée, qu’il ne serait pas au sommet de sa forme, s’étant blessé à la main gauche.
Enfin, Madame Pylinska et le secret de Chopin nous permet d’admirer l’extraordinaire éventail de talents d’Éric-Emmanuel Schmitt. Ce brillant auteur revit devant nous des périodes exaltantes de sa jeunesse, en mettant en lumière la musique de Chopin, dans une célébration de la beauté, à travers la communion des arts vivants.
Une tournée québécoise
Ce «monologue autobiographique» a été présenté à la Salle Albert-Rousseau à Québec, le 10 juin et au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 11 juin.
Heureusement, plusieurs autres dates sont annoncées pour l’automne 2024, notamment à Saint-Jérôme, Terrebonne, Laval, Longueuil, Gatineau, Saint-Eustache, Joliette et Saint-Hyacinthe.
Pour voir toutes les dates de la tournée de Madame Pylinska et le secret de Chopin, c’est ici