Pourquoi la revue musicale Radio-Cassette soulève-t-elle l’enthousiasme ? En plus du talent des musiciens réunis autour des chanteurs et boute-en-train Nicolas Drolet, Audrey Gagnon et Dominic St-Laurent, il y a le choix et l’agencement des chansons, savant mélange de refrains et rythmes d’hier et d’aujourd’hui. Ça ratisse large d’Elton John aux Cowboys Fringants, de Michel Louvain à Richard Desjardins, de Piaf à Madonna, en passant par Gangnam Style et Macarena. À tout cela s’ajoutent des moments d’humour dont de savoureuses imitations de René Angélil et Luc Plamondon. La joyeuse équipe de Radio-Cassette nous entraîne dans son voyage dansant, en cherchant la recette qui permet à une chanson d’entrer dans nos coeurs…
Bien avant Spotify, on copiait nos chansons préférées sur des cassettes pour pouvoir les faire jouer en boucle. En plus, l’appareil radio-cassette, muni de haut-parleurs et facile à transporter, permettait d’écouter la radio. Si le radio-cassette est d’une autre époque, il n’en demeure pas moins un ancêtre des listes de lecture. Aujourd’hui comme hier, chacun a ses chansons préférées et quand on amène le public sur ce merveilleux terrain de jeu, le courant passe ! Mais, qu’est-ce qui fait qu’une chanson devient un succès ? Le rythme ? La mélodie ? La chorégraphie qui lui est associée ? La voix et la personnalité de l’interprète ?
Pour sa part, Dominic St-Laurent, comédien qu’on a pu voir dans plusieurs émissions de télé (Audrey est revenue, Sans Rancune, etc.) prend un malin plaisir à démontrer, entre autres, comment la gestuelle de Daniel Boucher a vraisemblablement contribué au succès de La désise («ma gang de malades…»)
St-Laurent imite aussi remarquablement la voix de René Angélil lors d’une prise de bec avec Luc Plamondon bien reconnaissable à travers le ton et la gestuelle de Jean-Philippe Audet. (guitariste). Bien entendu, le grand parolier estime que ce sont les textes qui priment dans le succès des chansons, ce de quoi Angélil ne semble pas convaincu. Amusant ! Intéressant !
On a aussi la bonne idée de réciter brièvement certaines phrases-clé des chansons avant de les interpréter. C’est ainsi que le public éclate de rire en entendant «C’est toujours pour l’amour qu’on devient fou / Ça doit être plein d’amour parce que c’est plein d’fous tout partout.» D’un coup, on semble réaliser la pleine portée de ces paroles de la chanson Comme un sage d’Harmonium. Bien joué !
Nicolas Drolet qui a lui aussi une formation de comédien est d’une polyvalence remarquable ! Dans ce spectacle, il reprend, notamment, un air de Pavarotti. À un autre moment, il devient un irrésistible Julien Clerc (Coeur de rocker). Il passera même avec aisance de Styx (Babe) à Gerry Boulet (Un beau grand bateau). Dans chaque cas, son interprétation est judicieuse et ne se limite pas à une tentative d’imitation.
Pour sa part, Audrey Gagnon qui est passée par Star Académie, a une voix puissante et étendue mais, certaines de ses interprétations, notamment celle de Piaf, m’ont paru plutôt pompeuses. Pire encore, elle intègre dans un medley tout juste quelques mesures de l’Hymne à la beauté du monde. Ce fleuron du répertoire de la grande Diane Dufresne ne dure pourtant même pas trois minutes. N’en retenir qu’une trentaine de secondes et passer à une autre chanson m’a semblé irrespectueux. Par contre, Audrey Gagnon livre Me and Bobby McGee (Janis Joplin) avec une énergie communicative à la Guylaine Tanguay.
Cela dit, il y a tellement de bonnes chansons dans ce spectacle de deux heures sans entracte que ça passe comme un éclair ! Il faut vraiment beaucoup de talent pour réussir dans autant de registres : Funky town (Lipps Inc), I’ll always be there (Roch Voisine), Dis tout sans rien dire (Daniel Bélanger), Mauvais caractère (Les Colocs), etc. De plus, on s’assume et on ne recule pas devant les plaisirs coupables, dont Laver laver (Martine St-Clair), interprétée avec serviette de bain sur la tête !
Enfin, le spectacle bénéficie grandement de la complicité des musiciens qui donnent la réplique avec humour au trio central. Jean-Philippe Audet (guitare), Maxime Reed-Vermette (batterie) Maxime Alarie (basse) et Gabriel Bertrand Gagnon (direction musicale, piano et claviers) sont excellents qu’il s’agisse de leur interprétation rigoureuses de Strawberry fields forever et Yesterday des Beatles ou de leurs harmonies vocales sans failles sur Le Blues d’la métropole et Échappé belle de Beau dommage.
Radio-Cassette est un party d’été avec des artistes talentueux qui méritent d’être découverts. Avec Nicolas Drolet, Audrey Gagnon, Dominic St-Laurent et quatre musiciens au Théâtre Hector-Charland, à L’Assomption, jusqu’au 20 août.