Une Salle Bourgie fort bien remplie s’est constituée le mémorable soir du glacial 28 janvier alors qu’on accourut sous le blizzard pour applaudir avec sereine sincérité et enthousiasme le couple musical allemand parfaitement agencé, formé du pianiste Gerold Huber et du baryton Christian Gerhaher.
Il y a près de 20 ans que leurs albums sur RCA Victor Read Seal font le régal des mélomanes et on pouvait contempler tout le gratin du Café d’art vocal parmi le public: il s’agit d’un groupe de fervents musiciens passionnés de toute grande voix humaine ayant acquis la gloire terrestre (opératique surtout), de sorte qu’ils s’affichaient heureux comme nous tous, fort enchantés de la prestation.
Vu le niveau des interprétations du duo, il faudrait beaucoup finasser pour adresser des reproches à quiconque même si le baryton n’égale plus toujours l’extrêmement fine éloquence de son partenaire à l’ivoire et l’ébène.
Une voix toujours expressive
À 55 ans, Christian Gerhaher approche des métamorphoses vocales de la soixantaine. Sa voix dédiée aux récitals se délie par moments forts, sa diction allemande narre et enveloppe chaque lied de Schumann. Ce sera le Liederkreis opus 39 qui volera la vedette aux autres œuvres ou cycles du programme de la soirée. Chacun des douze lieder resplendira de cette juste puissance intime d’émotion.
Un pianiste d’exception
Gerold Huber, disons-le, atteint rien de moins que l’absolue perfection qui est tout à fait de son monde et du nôtre, forcément, puisque l’émotion qu’il suscite en nous par son accompagnement judicieux et expert supplante toute espérance que nous puissions avoir un jour connaissance d’une plus spectaculaire symbiose idéale dans le monde de l’art vocal.
INTERPRÈTES
Christian Gerhaher, baryton
Gerold Huber, piano
PROGRAMME
R. SCHUMANN
Fünf Lieder, op. 40
Liederkreis, op. 39
Drei Gesänge, op. 83
Romanzen und Balladen, op. 53
Sechs Gedichte von N. Lenau und Requiem, op. 90
Photo de Christian Gerhaher: Gregor Hohenberg