Présentée par Gestev, la première de la comédie musicale We Will Rock You a électrisé le Théâtre St-Denis hier soir grâce à des performances vocales remarquables. Adaptée en français, cette histoire plutôt simple sert surtout de prétexte à une célébration des plus grands succès du groupe Queen — interprétés en anglais, pour notre plus grand plaisir. Si vous êtes fan de leur musique, ce spectacle est à ne pas manquer.
Dans un certain futur, la planète sera contrôlée par une multinationale et son IA (Killer Queen). L’individualité est bannie et la musique autorisée est seulement celle générée par ordinateur. Le rock et les instruments de musique sont interdits. Une résistance s’organise autour d’un groupe de rebelles mené par Ozzy, Axl, Brit, et plusieurs autres. Deux étudiants (Galileo et Scaramouche) se découvrent une âme de rocker et se joignent aux rebelles. Après quelques batailles, la liberté et le rock triomphent.
L’adaptation québécoise du livret est une belle réussite. Plusieurs blagues font mouche, appuyées par des clins d’œil à des paroles de chansons bien connues du public d’ici. Excellente décision aussi d’avoir conservé les paroles originales en anglais des chansons de Queen : on ne dénature pas un chef-d’œuvre du rock !
La première étoile du match revient à Pierre-Olivier Grondin dans le rôle principal de Galileo. Wow! Quelle belle voix puissante et juste. Ses notes tenues dans les aigus impressionnent aussi, comme dans «Under pressure». Son jeu et sa présence ne sont pas en reste, il embarque la foule dans «We will rock you». Il montre de belles nuances au début de «We are the champions» pour nous jeter par terre à la fin sur une longue note tenue.
Annie Villeneuve (Killer Queen) surprend en sortant de sa zone de confort. Elle débute par une entrée aérienne triomphante. Capable de nuances dans ses chansons, elle est aussi énergique et solide dans son interprétation. Chanteuse d’abord, elle montre qu’elle sait bien jouer aussi. Sa chanson «Don’t stop me now» impressionne.
La compagne de Galileo (Scaramouche) est interprétée par Frédérique Cyr-Deschênes. Sa voix plus douce et arrondie contraste avec les voix de rockers habituels. Toujours juste et avec de superbes aigus, on la sent plus à l’aise quand elle chante des harmonies (particulièrement dans «Under Pressure») et dans les parties plus mélodiques en solo. Elle excelle dans «Crazy little thing called love».

Patrick Olafson (chef de la sécurité) montre une fois de plus qu’il n’existe pas de petits rôles pour les grands artistes. Je lui accorde la seconde étoile du match: avec à peine quelques chansons, il démontre un talent incroyable de chanteurs. Belle voix puissante et claire, il chante avec énergie des aigus incroyables, rappelant un peu la belle période de Freddie Mercury. Un contre-do pour lui? Bof, c’est facile!
Martin Rouette (Brit) et Laurence Champagne (AXL) forment un couple de chanteurs rock typiques. Tous les deux ont une voix puissante avec du caractère, un peu de rauque dans la texture pour faire encore plus rock. Vocalement ils sont parfaits ensemble dans les chansons comme «I want it all», particulièrement dans la note tenue à la fin par Laurence.
Le père, joué par Benoît Finley (Ozzy), donne aussi de beaux moment. Après un début timide, on le sent à l’aise et bien solide comme rocker dans «Headlong».
On embarque tout au long du spectacle, grâce à l’interprétation des chanteurs, surtout quand Galileo, Scaramouche, Brit et AXL chantent tous les quatre ensemble, comme «Crazy little thing called love». Ils ont vraiment l’air d’avoir du plaisir sur scène.
Le metteur en scène Steve Bolton a bien resserré l’oeuvre originale et la rend meilleure pour le public québécois. Autre point positif, l’adaptation du texte de Sylvain Larocque fait rire la salle à beaucoup de moments, rendant plus agréable la soirée.
Les chorégraphies sont modernes et exécutées en parfaite harmonie, surtout avec des éclairages spéciaux comme dans le numéro au retour de l’entracte. Parlant d’éclairages, c’est exceptionnel et impressionnant avec ces anneaux de lumière.
Des décors futuristes rappelant la science-fiction à la Star Trek ou Star Wars sont parmi les images dont on se rappellera longtemps.
Quelques bémols: la sonorisation est parfois inégale. Et l’histoire est un peu simpliste, on sent le prétexte pour présenter les succès de Queen.
Quoi de mieux pour terminer que le grand succès «Bohemian Rhapsody», que toute la troupe entonne dans une interprétation exceptionnelle qui donne des frissons dans le dos. Pierre-Olivier Grondin y est pour beaucoup avec sa voix qui transperce la troupe.
«We will rock you» est un bel hommage aux chansons du groupe Queen et au rock en général, mais ce sont nos interprètes québécois qui en font cet énorme succès. À cause de l’histoire futuriste et du style de musique, ce spectacle ne plaira pas à tout le monde. Par contre, si vous aimez le rock et Queen, je vous recommande fortement de voir ce spectacle.
Les bons coups : chansons de Queen, excellents chanteurs, chorégraphies, décors et éclairages, adaptation francophone humoristique
Les moins bons coups : histoire mince
Équipe de création
Création: Queen, Ben Elton
Traduction francophone: Sylvain Larocque
Mise en scène, chorégraphies: Steve Bolton
Chorégraphies: Yannick Moisan, Megan Brydon
Direction musicale: Gabriel Bertrand-Gagnon
Direction vocale: Estelle Esse
Arrangements musicaux: Domenic Pandolfo
Costumes: Vanessa Borris
Scénographie: Jean-Marc Saumier
Éclairages: David Lavallée-Gagné
Vidéo: Yohan Gingras
Accessoires: Felix Plante
Perruques/Coiffures: Louis Bond
Maquillages: Thomas Allard Rousseau
Conceptions sonores: Medhat Hanbali
Distribution
Pierre-Olivier Grondin (Galileo), Frédérique Cyr-Deschênes (Scaramouche), Annie Villeneuve (Killer Queen), Patrick Olafson (Khashoggi), Benoît Finley (Ozzy), Laurence Champagne (AXL), Martin Rouette (Brit), Alexandre Iannuzzi, Elisabeth Gauthier Pelletier, Kathline Gréco, Elizabeth Lauzon, Chloé McNeil, Stéphanie Paquet, Mathieu-Philippe Perras, Alex Simpson
Théâtre St-Denis 1 (Espace St-Denis, 1594 St-Denis, Montréal)
Présenté en français (chansons en anglais) du 1 au 18 mai 2025 à 20h (15h les dimanches).
Billets en vente (69$-136$) au https://espacestdenis.com/evenement/we-will-rock-you/ ou 514-790-1111.
À travers le Québec:
Théâtre Capitole (Québec) du 20 juin au 13 juillet 2025
Cogeco Amphitheatre (Trois-Rivières) 5 et 6 septembre 2025
Théâtre du Casino du Lac-Leamy (Gatineau) du 2 au 19 octobre 2025
Durée: 2h40 avec entracte
Photos: Sébastien Jetté (photographe officiel pour LesArtsZe.com)
Le tapis rouge lors de la Première de We will rock you