Laurent Paquin est à se tordre de rire dans la pièce Le Dîner de cons, entouré par une distribution éclatante, dont, Normand D’Amour, René Simard et Bernard Fortin. La mise en scène d’André Robitaille ne laisse place à aucun temps mort dans cette histoire absurde qui a valu trois César au Français Francis Veber. L’univers de ce film culte est transposé à Montréal et les comédiens parlent en langue québécoise de tous les jours. On rit du début à la fin ! Il y a même une dernière maladresse hilarante à la tombée du rideau…

Crédit : Émilie Lapointe
Un imprévu cocasse fait dérailler la soirée de l’éditeur Pierre Brochant (Normand D’Amour) qui s’apprête à participer à un «dîner de cons», comme il le fait à chaque semaine, avec des amis. Tour à tour, chacun présente au groupe un «con» déniché au hasard et dont on se moquera toute la soirée, sans que le malheureux invité s’en rende compte. Cette semaine, ils reçoivent un fonctionnaire du ministère du Revenu, passionné de maquettes en allumettes.
Dans son enthousiasme, à l’approche de ce moment tant attendu, Brochant s’est mis à danser et sauter, mais, il a perdu pied et s’est donné un douloureux tour de rein. Plus encore, sa conjointe (Pascal Montreuil) a refusé de l’accompagner au dîner de cons et elle est partie en claquant la porte !
C’est dans ce contexte tendu que l’humble François Pignon (Laurent Paquin) fait son entrée. Il est intarissable en exhibant ses maquettes faites de milliers d’allumettes. Pendant que Brochant se tord de douleur, Pignon se lance dans des explications très détaillées de l’art du ballant qu’il a soigneusement étudié en construisant sa maquette du pont Pierre-Laporte.
Brochant le fusille du regard mais il n’est pas au bout de ses peines, car il aura besoin de son invité pour loger quelques appels qui tourneront à la catastrophe !
Brûler les planches !

Crédit : Émilie Lapointe
D’Amour et Paquin ont une complicité électrisante sur scène ! Au-delà du talent, de leur longue expérience et de la qualité du texte qu’ils défendent, il y a une chimie comique qui émane de ce tandem ! Ils sont drôles aussi dans le non verbal ! Ils brûlent les planches !
Quant à René Simard, il s’acquitte bien du rôle secondaire de l’écrivain Juste Leblanc, mais on souhaiterait qu’il projette davantage, car on perd quelques mots.
Cela dit, lors d’un moment délicat de l’intrigue, Juste Leblanc, tente de masquer son embarras, en poussant quelques notes d’une chanson très connue de… René Simard. Toute la salle pouffe de rire ! Bien joué !
Quant à Bernard Fortin, il offre une solide performance en redouté contrôleur financier et ennemi juré des Bruins de Boston. Ce personnage vient ajouter de nouveaux ressorts à l’intrigue, car l’éditeur ne semble pas irréprochable au niveau fiscal.
Crédit : Émilie Lapointe
En plus, Brochant mène une double-vie et sa maîtresse (Gabrielle Fontaine), vient de refaire surface. Encore une fois, c’est la faute de Pignon. Le gaffeur a fait des révélations à la dame en croyant qu’elle était la soeur de l’éditeur. Il faut dire que cette femme insistante qui débarque au beau milieu de la nuit se nomme Marlène Sasseur…
Si l’histoire demeure essentiellement la même que celle du film réunissant Thierry Lhermitte et Jacques Villeret, elle est pourtant en partie renouvelée grâce à cette interprétation québécoise étincelante ! Rappelons que Le Dîner de cons a d’abord été une pièce de théâtre et que les rires du public ajoutent au plaisir de retrouver les personnages de Veber.
Enfin, après deux heures de péripéties, c’est Pignon qui a le dernier mot et à ce moment on peut se demander qui est le véritable con de la soirée.
Tous terminent d’ailleurs en interprétant une chanson qui dit qu’«on est toujours le con de quelqu’un d’autre».
Pignon restera toutefois fidèle à sa réputation jusqu’à la tombée du rideau. Sans dévoiler le punch, disons que Paquin marque le spectacle de sa griffe jusqu’à la toute fin !
Le Dîner de cons /de Francis Veber
Mise en scène : André Robitaille
Avec : Laurent Paquin, Normand D’Amour, René Simard, Pascal Montreuil, Gabrielle Fontaine et Bernard Fortin
À la Maison des arts Desjardins de Drummondville