Parmi les nouveautés à l’affiche depuis le début de l’année 2024 au cinéma Le Clap ces jours-ci, ce n’est pas la variété qui manque. J’ai choisi de voir deux films en version originale. Un premier film français avec Franck Dubosc dans un rôle dans lequel on le voit peu souvent, et un film américain, sous-titré en français qui vient d’être nommé aux Oscars pour meilleur film, meilleur acteur, et acteur de soutien, ainsi que meilleur scénario adapté. Ces deux films ne ressemblent en rien à leur bande-annonce simpliste et comique. Deux films avec de la profondeur et de la réflexion et une prémisse comique.
Fiction américaine Un film de Cord Jefferson
Présenté en V.O.A.S.-T.F. Durée: 117 min
Résumé : Monk est un romancier frustré qui en a assez que l’establishment profite d’un divertissement « noir » qui s’appuie sur des tropes fatigués et offensants. Pour prouver son point de vue, Monk utilise un pseudonyme pour écrire son propre livre « noir » extravagant, un livre qui le propulse au cœur de l’hypocrisie et de la folie qu’il prétend dédaigner.
Il n’est pas surprenant que ce film ait remporté le prix du public au TIFF et se retrouve en nomination pour plusieurs catégories aux Oscars. Ce film est rempli de dialogues brillants et de personnages truculents. Sans sombrer dans le cynisme, Cord Jefferson écorche les préjugés raciaux, avec un regard aiguisé et bienveillant sur ses personnages et un humour mordant.
Contrairement à la prémisse lancée par la bande-annonce, le film amène une belle réflexion sur le racisme, et le sentiment d’appartenance à une communauté, mais également il aborde avec sensibilité et humanité l’homosexualité, le deuil et la maladie d’Alzheimer.
J’ai adoré le personnage de Monk, joué avec brio et panache par Jeffrey Wright (en nomination pour le meilleur acteur). Enseignant de littérature et écrivain, Monk, un intellectuel grincheux, argumente avec ses élèves, sa sœur, son éditeur et ses collègues juges dans un festival, avec fougue, brillantes réparties, et ce sont ces moments qui m’ont le plus passionnée. Il réussit également à me faire royalement rire, lorsqu’il se fait passer pour son pseudonyme, fugitif qui a écrit un livre trash sur ce que les blancs veulent lire de gens de la communauté noire. Il est hilarant.
Je dois également mentionner la performance de jeu de Sterling K. Brown, qu’on a vu briller d’intensité dramatique dans la série This is US. Ici, il incarne l’homosexuel qui vient de sortir du placard et qui s’éclate comme un adolescent qui découvre la sexualité. Il est absolument hilarant dans ce personnage haut en couleur. Il a bien mérité sa nomination aux oscars dans le meilleur rôle de soutien.
J’ai tout aimé de ce film qui nous amène où on ne s’y attend pas. Il fait rire, mais surtout réfléchir alors qu’il aborde des thèmes sérieux avec un ton comique.
Comédie dramatique réalisée par Cord Jefferson. Scén.: Cord Jefferson, d’après le livre de Percival Everett. Mus. orig.: Laura Karpman. Int.: Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross, Sterling K. Brown, Adam Brody, John Ortiz.
Nouveau depart Un film de Philippe Lefebvre
Présenté en V.O.F. Durée: 97 min
Résumé : Alain et Diane ont 30 ans de vie commune. Alain, dans sa tête, les 30 ans il les a toujours. Mais l’équation 30 ans au compteur routine des sentiments, nid vide (et accessoirement un job où avoir 50 ans s’apparente à une maladie incurable) crée chez Diane un effet beaucoup moins euphorisant. Elle oscille entre déprime et chute libre – et le premier qui dit « hormonale » elle le fume. Alain aime Diane comme un fou et l’amour c’est des preuves. Il va faire quelque chose de fou pour elle, un truc pour qu’elle retrouve la vitalité, qu’elle entende vibrer son cœur et palpiter la jeunesse. Le truc fou ? La quitter. Le risque avec les électrochocs ? Archiconnu : soit ça réveille, soit ça crame. Ils vont le prendre, les yeux fermés.
Cette comédie dramatique raconte l’histoire de Diane et Alain qui viennent de voir partir leur plus jeune de la maison. Après 30 ans de vie commune, c’est le temps d’enfin penser à leur couple et raviver la flamme. C’est du moins ce que pense Alain (Franck Dubosc, génial dans un rôle plus sobre, en retenu et proche de ses émotions). Mais il en va autrement de Diane qui remet tout en question, au début de sa cinquantaine. Elle refuse d’accepter ses symptômes de ménopause et se sent mise à l’écart au travail, tandis que dans sa vie de couple, elle ne semble plus rien ressentir que la routine, l’acquis et le manque de surprise et de passion. Alors elle s’invente une vie, un amant, et Alain décide de la laisser vivre en demandant le divorce, pour qu’elle puisse lui revenir après sa crise de la cinquantaine… c’est du moins ce qu’il croit.
À voir la bande-annonce, on pourrait croire que cela est une petite comédie, sans profondeur, surtout quand on est habitué à certains rôles de Franck Dubosc. Mais cette fois-ci, on est surpris par la tournure des événements. Les situations comiques, c’est Karin Viard qui les génèrent pour la plupart, avec ses «dates tinders,» son refus de voir ses signes de ménopause, et ses tentatives de s’amuser avec les jeunes de l’âge de ses enfants.
Plusieurs couples vont se reconnaître dans cette histoire. Après 25-30 ans avec la même personne, on se demande souvent comment renouveler la flamme, raviver la passion, faire vibrer l’autre comme au premier jour. Franck Dubosc est vraiment génial dans ce rôle du mari toujours amoureux, et Karin Viard est hilarante dans la femme qui refuse de vieillir. Elle est attachante à souhait. Mais au final, c’est ce couple qu’on adore regarder vivre. Cette complicité qu’ils ont malgré tout nous émeut. Ce film est rempli de scènes drôles oui, mais d’autres sont touchantes et remplies de vérité sur le couple. Tendresse, sensibilité et sincérité sont au rendez-vous.
Comédie romantique réalisée par Philippe Lefebvre. Scén.: Philippe Lefebvre, Maria Pourchet. Mus. orig.: Philippe Kelly. Int.: Franck Dubosc, Karin Viard, Clotilde Courau, Youssef Hajdi.
Pour l’horaire de tous ces films au cinéma Le Clap ainsi que la liste des autres films présentés dans ce cinéma : http://www.clap.qc.ca/