C’est dans une salle quasi pleine où l’effervescence et l’excitation de l’inconnu sont palpables, que WIVES nous présente sa nouvelle création.
Qu’est-ce qu’un film d’action, dans la vie de tous les jours? Dans l’authenticité de nos corps sans pouvoir extraordinaire et des objets anodins, non-hollywoodiens, du quotidien?
Le casting entièrement féminin de WIVES s’attèlera à tenter de résoudre cette énigme pendant 1 heure et 20 minutes avec uniquement à leur disposition une toile au fond de la scène, des extraits de vidéos, une bande sonore et des objets en apparence sans importance jonchant le sol.
Comme dans tout bon film d’action, des armes sont nécessaires pour faire plier l’ennemi. Commence alors un brainstorming où des objets sans aucun lien évident sont associés, superposés et mis en action. Ce qui n’avait quelques secondes plus tôt aucune utilité, reçoit alors une raison d’être pour les besoins du film d’action. Ces armes rocambolesques font rire l’audience et rappellent que sans contexte, sans explosion, sans effets spéciaux et sans notre complicité, les objets dans un film ne sont que ce qu’on accepte d’en faire en dépit de l’improbabilité des théories avancées.
Et même si beaucoup font rire, ces armes reposant pour la majorité sur les réactions qu’elles provoquent chez des êtres humains, permettent de dresser de clairs parallèles avec des situations et des personnes de notre quotidien. WIVES remplit ainsi son mandat de transposer un film d’action à la réalité de la scène et va même plus loin en engageant une réflexion sur celui-ci.
Quant aux scénarios, grâce à des répétitions et des changements de contexte qui ne semblent que peu significatifs, force est d’observer que les histoires sont souvent les mêmes dans les films d’action. Et cela fait rire parce que l’on reconnaît des scènes devenues bien trop familières même s’il s’agit de la première de ce film que WIVES nous joue.
Mais si WIVES nous fait rire de l’absurdité, de la répétition et du caractère irréel de certains films d’action, par moment, quand seule une bande sonore est audible, force est de constater que le divertissement de ces films réduit à des sons, joue des accords de violence bien trop accordés, trop harmonisés, trop réels dans un univers qui de toute évidence ne l’est pas ou ne devrait pas l’être.
Les spectateurs ne peuvent alors que se poser cette question : qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est fictif? Qu’est-ce qui fait appel à notre imagination pour exister et qu’est-ce qui existe véritablement? Ce même questionnement entre la réalité et le jeu, entre lignes apprises et improvisation, est lui aussi volontairement laissé flou dans l’interprétation de Action Movie.
Une chose qui elle est bien réelle est la complicité entre les actrices de même que la réflexion qui empreigne l’écriture de certaines scènes. Questionnement garanti pour ceux qui accepteront de s’aventurer entre réalité, réalité édulcorée saveur hollywoodienne et leur réalité personnelle, sanctuaire de leur propre film d’action.
La Chapelle Scènes Contemporaines
3700 rue Saint-Dominique
Montréal Qc, Canada H2X 2X7
2 et 3 février
Billetterie : (514) 843-7738
Photographe : Manoushka Larouche