Après avoir été acclamé par la critique internationale, One Song, ce spectacle événement jouait à l’Usine C le 27 et 28 septembre. La metteuse en scène belge Miet Warlop nous invitait à une expérience scénique intense et débridée.
One Song est un festin auditif et visuel nous plonge dans un univers où la musique se mêle à la performance. Une expérience musicale unique, où l’instrument devient une extension du corps et où chaque note est le fruit d’une prouesse physique. One song prend la forme d’une boucle déroulée en infinies variations, un concert pensé comme une course d’obstacles.
Imaginez : des instruments joués sur des poutres d’équilibre, des contrebasses caressées avec la tête, des claviers atteints par des sauts sur trampoline et des batteries enchaînées à toute vitesse.
La scène ressemble à une salle de sport déjantée. À droite, des athlètes en short, concentrés sur une ligne de départ imaginaire. Dans les gradins, une poignée de supporters encourage avec ferveur. Une commentatrice haut en couleur, armée de son mégaphone, anime l’événement. Au milieu de ce chaos organisé, trois jambes s’agitent dans un jogging, comme un symbole de l’énergie déployée. Une cheerleader exubérante enflamme l’atmosphère.
Le spectacle commence. La violoniste, perchée sur une poutre d’équilibre, entonne une mélodie populaire. Le contrebassiste, allongé sur un tapis de gymnastique, exécute des abdos tout en jouant des notes profondes et puissantes.
Le batteur court d’un bout à l’autre de la scène, frappant ses fûts avec une énergie débordante: il est un véritable tourbillon sur scène ! Il sprinte littéralement d’une batterie à l’autre, ses baguettes fusant dans tous les sens. Wietse Tanghe, le chanteur, maintient un rythme effréné sur son tapis roulant, sa voix s’élevant au-dessus du tumulte! Il déclame une ritournelle en anglais sur un tapis roulant, répétant inlassablement quelques mots simples.
Chaque note produite est le fruit d’un effort physique. Le concept est simple : la musique, répétée à l’infini, ne dépasse jamais la longueur d’un refrain. Le rythme varie légèrement, les arrangements évoluent subtilement, mais c’est toujours la même suite de cinq accords qui revient en boucle.
Et pourtant, quelque chose se passe. Les musiciens se battent, s’épuisent, tombent, se relèvent. Ils ne renoncent jamais, poussés par une pulsion vitale qui est aussi belle à voir qu’à entendre. One Song, c’est un véritable parcours du combattant pour tous les artistes, y compris une pom-pom girl masculin ultra-stylée, qui apporte une touche de dynamisme à ce show fou! C’est un spectacle qui épuise tout, et d’abord les comédiens.
Miet Warlop nous invite à une réflexion sur le deuil, une expérience qui se répète sans cesse. Elle nous montre que rien n’est acquis, qu’il faut se battre sans relâche. À travers la répétition, la douleur cède parfois la place à la transe, puis à l’extase. C’est jubilatoire et fascinant, hystérique et c’est énergisant!
Photos : Michiel Devijver