Le bédéiste Tristan Demers, connu pour ses albums BD, ses émissions jeunesses à la télé et ses livres pour apprendre aux jeunes à dessiner, tel que Dessiner c’est facile, tome 1 et 2, ainsi que ses livres documentaires Tintin et le Québec, Emmène-nous à La Ronde ainsi que Québec 80, et Québec 90, vient de publier, aux éditions libre Expression, Fais ça comme un grand, une autobiographie qui retrace son parcours douloureux d’enfant vedette de la BD ainsi que l’aboutissement d’une carrière prolifique qu’il fait maintenant profiter à son lectorat de plus en plus nombreux.
Résumé : Bien connu des amateurs de BD, le dessinateur et animateur Tristan Demers livre dans ces pages l’histoire trouble d’un enfant vedette des années 1980 dont le public enthousiaste ignorait tout de la violence familiale qui a jalonné son parcours. Persuadé de l’importance de l’art et de son pouvoir salvateur, l’auteur raconte comment il a réussi à échapper à son enfance pour se construire une vie familiale épanouie et une pratique artistique inspirante.
« Je vous rassure : ce récit est tout de même lumineux. C’est l’histoire d’un petit gars qui souffre, mais qui s’extirpe de ses malheurs par le biais de ses bandes dessinées, embrassant le pouvoir de l’art jusqu’à son paroxysme pour s’engourdir un peu, mais, surtout, pour réaliser ses rêves. »
Quand j’ai entendu parler que Tristan Demers faisait paraître le récit de sa vie (professionnelle et personnelle) aux éditions Libre expression, j’ai tout de suite eu envie de le lire, car je suis une fidèle lectrice de ses essais et livres documentaires et je n’étais pas du tout au courant qu’il avait commencé son métier de bédéiste et jeune entrepreneur à l’âge de 10 ans. Quel accomplissement. D’apprendre qu’il a su s’extirper de la violence familiale par le biais de ses bandes dessinées, m’a encore plus fasciné.
J’adore lire des biographies et autobiographies et je dois dire que celle-ci est probablement ma préférée de toutes. Avec seulement 144 pages et quelques photos, Tristan Demers nous fait découvrir l’essentiel de son histoire à travers des anecdotes, des moments marquants de sa vie, ses aspirations et ses moments de résiliences. Ce récit pourrait être lourd et pénible à lire, vu le sujet très chargé de la violence familiale, mais Tristan sait ajouter une note d’humour et fait preuve d’une grande résilience et de courage, qui fait que ce livre est plutôt lumineux, inspirant et rempli d’espoir.
Voici un extrait qui nous décrit bien sa relation avec son père : «…oui, mon père m’aide beaucoup : il s’applique à retranscrire mes dialogues dans les bulles et à négocier les coûts d’impression avec le gars du Copie Express. Entre deux coups de poing, je devine qu’il m’aime un peu puisqu’il semble croire en mes aspirations de bédéiste. C’est là tout le paradoxe de l’homme déçu (et déchu) avec lequel j’habite… Je ne devrai jamais le décevoir. Ma reconnaissance envers lui sera synonyme de performance. »
Au-delà de sa relation avec son père et ses quelques visites peu satisfaisantes avec sa mère, on découvre un enfant déterminé, qui n’hésite pas à cogner aux portes, pour charmer, négocier et obtenir ce dont il a besoin pour faire avancer sa carrière. Il est débrouillard et complètement investi dans ses Bds qu’il crée et lui permettent d’engourdir sa douleur et son malheur tout en créant des histoires qui finissent bien et en réalisant ses rêves. Il n’y a rien à son épreuve.
Je trouve aussi intéressant d’apprendre à connaître les rouages de la création d’une BD. Sans entrer trop dans les détails, l’auteur nous explique simplement comment cela fonctionne et c’est facile à comprendre et surtout fascinant à découvrir. Pour ceux qui ont à cœur l’entrepreneuriat, ils peuvent lire ce livre pour découvrir les talents qu’il faut avoir pour réussir. On en apprend aussi sur les salons du livre, les émissions de télé jeunesse, et l’univers des Bds un peu partout dans le monde.
Personnellement, je n’ai pas pu déposer ce livre, une fois amorcé. Je l’ai lu d’une traite. Bien que ce soit un récit de sa vie professionnelle et personnelle, on en apprend peu sur ses relations amoureuses ou ses enfants, mais il nous en livre l’essentiel. Sa relation toxique avec son père a laissé des marques nocives sur ses relations personnelles, puisqu’il s’est surtout construit dans un cadre professionnel. Donc, moins d’amis, plus de difficultés à être en couple. Mais, au moins, il a voulu et réussi à avoir des enfants à qui il transmet tout l’amour qu’il n’a pas reçu adéquatement.
Et comme le dessin et la création de BD lui a sauvé la vie dans un sens, il trouve important de pouvoir stimuler l’imaginaire des enfants, d’où les conférences dans les écoles, les ateliers pour apprendre à dessiner et laisser aller la créativité des enfants.
Ce n’est pas surprenant qu’il dédie son récit à tous ces enfants tristes qui ne se sentent pas aimés. Voici un extrait qui dit tout : «Je me sens privilégié de pouvoir donner le goût du dessin aux enfants, de leur faire comprendre l’importance d’intégrer la créativité dans chacune des sphères de notre vie. Devenu adulte, j’assume complètement mon obstination à vouloir connecter les enfants à leur pouvoir créatif. Le désir de dépassement, quel que soit le médium choisi, est un formidable outil pour balayer de notre vie les «méchants» qui nous empêchent de rêver et de voir grand.»
TRISTAN DEMERS est présent sur la scène culturelle québécoise depuis l’âge de dix ans. À la tête de son studio de création et concepteur d’une soixantaine d’albums de BD (Gargouille, Les Minimaniacs, Les Shopkins), il parcourt le monde et anime des émissions jeunesse à la télévision de Radio-Canada et sur Yoopa. Récipiendaire de plusieurs prix, il est aussi auteur d’essais et de livres documentaires: Tintin et le Québec, Emmène-nous à La Ronde, Les Enfants de la bulle, L’Imaginaire en déroute et Astérix chez les Québécois. Il a participé à plus de 400 salons du livre à travers le monde.
Prix : 27,95 $
Nombre de pages : 144 pages
Date de sortie 11 février 2025
Édition Libre expression : https://editionslibreexpression.groupelivre.com/
Site de l’auteur : https://www.tristandemers.com/
Mon appréciation de certains de ses livres : Dessiner c’est facile https://lesartsze.com/dessiner-cest-facile-tome-2-developper-son-imaginaire-en-samusant/
Créatifs et complices, 52 rendez-vous parent-enfant pour lâcher son fou https://lesartsze.com/creatifs-et-complices-52-rendez-vous-parent-enfant-pour-lacher-son-fou/
Québec 90, La pop culture pour les irréductibles nostalgiques des cartes Pokémon, des chandails bedaine et de Watatatow. https://lesartsze.com/quebec-90-un-brin-de-nostalgie-anecdotes-amusantes-et-plaisir-garanti/