L’illustre théâtre berlinois Schaubühne, sous la direction du visionnaire Thomas Ostermeier, débarquait hier soir à l’Usine C pour une première nord-américaine exclusive de la pièce choc « Histoire de la violence » !
Le récit autobiographique poignant d’Édouard Louis raconte une rencontre de Noël en 2012 qui bascule de la passion au cauchemar. Ce spectacle, à la fois intime et politique, repousse les limites de la mise en scène en intégrant les caméras de téléphones des acteurs et offrant une expérience théâtrale immersive et inédite.
L’adaptation magistrale de la Schaubühne Berlin est un véritable coup de poing qui explore avec une acuité incroyable la violence sexuelle et les méandres de la mémoire ! Ce spectacle est une œuvre de non-fiction créative d’une intelligence fulgurante, dont toute la profondeur se révèle après le rideau tombé.

La mise en scène nous plonge au cœur de questions existentielles percutantes. La colère de classe, l’homophobie, la xénophobie et l’auto-détestation. Des phénomènes omniprésents dans l’actualité se superposent et s’entrelacent pour créer un climat explosif.
Le spectacle met en lumière la fragilité de la rencontre entre deux individus isolés, ignorant les courants de haine qui les entourent et les influencent.
Laurenz Laufenberg, dans le rôle d’Édouard, nous livre une performance bouleversante, empreinte de traumatisme et de désorientation. Il nous confronte à un dilemme déchirant : comment réagir face à l’agression qu’il a subie ? Peut-il condamner son agresseur, Reda (un Renato Schuch à la séduction glaçante), sans se sentir coupable de jeter un autre immigré queer de couleur en prison ? La question de la justice et de la responsabilité résonne avec une force incroyable.
Alina Stiegler, en Clara, est tout simplement bluffante ! Son personnage, à la fois tranchant et complexe, nous pousse à réfléchir sur les dynamiques familiales et les conflits intérieurs d’Édouard. Et Christoph Gawenda, avec sa polyvalence, nous offre des portraits d’une justesse remarquable: un sans abri, un policier, le beau-frère, la mère, tous les rôles mis en scène avec précision, une tâche renversante !Les quatre acteurs ont relevé un défi colossal avec une maîtrise époustouflante !
C’est tout simplement magistral !
La mise en scène de Thomas Ostermeier, en collaboration avec l’auteur et Florian Borchmeyer, est d’une fluidité remarquable. Le décor épuré de Nina Wetzel, les mouvements chorégraphiés de Johanna Lemke et la musique envoûtante de Thomas Witte contribuent à créer une atmosphère hypnotique. Ce spectacle est une véritable expérience théâtrale, un moment de grâce et de réflexion qui nous laisse profondément marqués !
Attention, cet événement exceptionnel ne durera que trois soirs !
Du 13 au 15 mars Usine C, Salle 1, 2h. En allemand + surtitré français.
https://usine-c.com/spectacle/histoire-de-la-violence
Ce spectacle comporte l’utilisation d’une arme à feu factice et une représentation explicite de violence sexuelle. Discussion après spectacle avec Thomas Ostermeier et Angela Konrad | Après la représentation du 14 mars.
Photos : Amo Declair