«On dirait la vraie Dalida!» C’est le commentaire que chuchotaient des spectateurs et spectatrices, dès l’entrée en scène de Joan Bluteau, au Cabaret du Casino de Montréal, en ce 28 octobre 2021. Il est vrai que Gigi l’amoroso, Il venait d’avoir 18 ans, Paroles, paroles, etc. semblent couler de source pour l’interprète québécoise qui fait revivre celle qu’on a surnommé la Dame du Nil. Cela dit, son spectacle ne se limite pas à une imitation. C’est un véritable voyage musical au coeur d’une vie marquée par le glamour et la tragédie.
Les règles de l’art
Strass, satin, paillettes… Joan Bluteau connaît bien l’attirail de celle qui chantait Je suis toutes les femmes. Il y a plus de quinze ans déjà, l’artiste originaire de Québec triomphait entourée de danseurs dans le spectacle à grand déploiement Dalida une vie. Ce qu’elle propose maintenant est un tour de chant, où l’on se sent tout près de la superstar qui a su interpréter Ferré (Avec le temps), Theodorákis (La danse de Zorba), Lama (Je me suis malade), etc., tout en devenant une reine des discos (Laissez-moi danser Monday Tuesday, etc.).
Vocalement, madame Bluteau a fait sien l’accent de Dalida, indissociable de ses nombreux succès. Puis, il y a la garde-robe, une fois de plus impressionnante, avec cinq tenues en 75 minutes. De coups de hanche en pas de danse, elle habite la scène avec une joie communicative, qu’il s’agisse de Darla dirladada ou Besame mucho.
Les bras bien hauts, les doigts qui pianotent en apesanteur, la voilà qui lance la très attendue Salma ya salama, une sorte d’hymne au Moyen-Orient, dit-on. Cette chanson a été diffusée à la radio israélienne, lors de la venue d’Anour el-Sadate (alors président de l’Égypte en conflit avec Israël), ce qui contribue à faire de ce titre un message de paix.
Pour ne pas vivre seul
Puis, sans tomber dans le pathos, Joan Bluteau plonge dans les chansons qui semblent révéler les grandes blessures de la disparue. Je suis malade prend des allures de confidences troublantes. Avec le temps, livrée avec une sorte de résignation sereine, est bouleversante !
Grâce à la sensibilité et la diction de l’interprète, les paroles de Pour ne pas vivre seul résonnent comme un appel de détresse de cette star qui s’est suicidée : «Pour ne pas vivre seul / On s’fait du cinéma / On aime un souvenir / Une ombre, n’importe quoi… Je t’aime et je t’attends / Pour avoir l’illusion / De ne pas vivre seul».
Aller jusqu’au bout du rêve
Accompagnée de Jean-Philippe Bouffard (direction musicale et piano), Martin Bachand (guitares), Sylvain Lamothe (basse) et Luc Catellier (batterie) Joan Bluteau livre un spectacle irrésistible où l’on ne se fait pas prier pour chanter en se dandinant sur notre chaise. Il se glisse toutefois quelques temps morts durant les changements de costumes, ce qui sera sans doute corrigé au cours des prochaines représentations.
En entrevue aux ArtsZé, madame Bluteau confiait qu’il était question de présenter son spectacle à Québec et même en France. Nul doute que cela est possible avec tout le savoir-faire qu’elle a développé. Pour reprendre les mots de Dalida, on lui souhaite d’«aller jusqu’au bout du rêve»!
Joan Bluteau : Avec le temps… Dalida
Au Cabaret du Casino de Montréal
27, 28 et 29 octobre / 16, 17 et 18 novembre 2021 à 14h