Ce qui frappe en entrant à l’exposition L’heure mauve au Musée des beaux-arts de Montréal, c’est une explosion de couleurs vives qui contrastent de façon spectaculaire avec le peu de lumière d’un grand nombre de nos journées d’hiver. Pour sa première exposition au Canada, l’artiste suisse Nicolas Party fait dialoguer ses oeuvres avec celles de la collection du Musée. Le tout est accompagné de chansons du nouvel album de Pierre Lapointe.

Né à Lausanne en 1980, Party est un peintre figuratif. Ses œuvres sont principalement créées au pastel sec. En plus des peintures, Party crée des installations et des sculptures, y compris des bustes peints et des parties du corps qui font allusion aux célèbres fragments de la Grèce et de la Rome antiques.
Comme on peut le constater sur cette photo de son tableau intitulé Paysage, l’artiste délaisse les représentations fidèles de la nature au profit d’une exploration fantasmagorique de la couleur et des formes.

Des oeuvres qui ne seront présentées qu’à Montréal
À travers une centaine d’œuvres et une série de murales monumentales réalisées in situ, Party dessine un
parcours poétique sur le thème de la nature. Des salles du MBAM font office de toiles sur lesquelles le plasticien et muraliste, à la fois commissaire et metteur en scène de cette expo, intègre des tableaux de la collection du Musée.
Il faut donc aller au MBAM pour voir ces murales peintes sur place par Nicolas Party, puisqu’elles disparaîtront quand L’heure mauve fermera ses portes, l’automne prochain.
Voyez comment ce tableau de l’Allemand Otto Dix, une pièce majeure de la collection du Musée, est intégré à une murale peinte par Nicolas Party.


Inspiré d’un tableau d’Ozias Leduc
L’heure mauve est le titre d’une toile du peintre symboliste québécois Ozias Leduc (1864-1955), conservée dans la collection du Musée des beaux-arts de Montréal. On y voit une branche de chêne tombée dans la neige. Cette scène chargée de tristesse semble annoncer quelque chose de dramatique, à travers l’heure mauve, ce moment où le crépuscule se teinte de nuances violacées.
C’est à ce tableau que Nicolas Party a choisi d’emprunter le titre de la présente exposition dont le fil conducteur est : la représentation, à travers l’histoire de l’art, des différentes dimensions du rapport que l’humain a pu entretenir avec la nature au cours des siècles.

Les humains et la nature
D’une salle à l’autre, Nicolas Party explore différentes facettes de l’histoire de l’humanité : péché originel, conquête, paysage en ruines, espace sublime et lieu de désir, de chaos, de mort et de métamorphose. Au cœur de ce parcours se posent certaines des grandes questions de notre temps, celles d’une planète que certains croient arrivée à son «heure mauve».

Programmation associée
En parallèle de la présentation de l’exposition, le MBAM offrira un éventail d’activités. D’une part, des rencontres et conférences aborderont certains des thèmes traités dans l’œuvre de Nicolas Party. Au Cinéma du Musée, on pourra découvrir un cycle de films sélectionnés par l’artiste suisse. Les détails de cette programmation seront dévoilés en mars. mbam.qc.ca/calendrier

Une trame sonore de Pierre Lapointe

Pierre Lapointe vient ajouter une dimension très émouvante à cette heure mauve. Alors que Party fait dialoguer ses oeuvres avec celles de peintres européens et canadiens, c’est dans ce même esprit que l’auteur-compositeur-interprète a mis en chansons de façon thématique chacune des salles de l’exposition.
À l’invitation du MBAM, Pierre Lapointe a réalisé une bande sonore réunissant de nouvelles compositions ainsi que des interprétations inédites du répertoire classique de la chanson. On peut écouter l’album sur son téléphone avec des écouteurs en visitant l’exposition.
En plus d’avoir enregistré L’hymne au printemps de Félix Leclerc, Lapointe a composé L’hymne à l’automne où il dialogue avec un défunt : «Comme tu vois, je ne t’oublie pas / je reste convaincu que même ceux qui ne sont plus peuvent très bien nous entendre…»
L’artiste québécois reprend avec une apparente aisance un grand classique d’Aznavour, Non, je n’ai rien oublié et il chante, en allemand, le tube de Marlene Dietrich, Sag mir wo die blumen sind (Où vont les fleurs).
Naviguant dans les profondeurs de l’être, Pierre Lapointe y explore des thèmes qui lui sont chers tels que l’éphémérité de l’existence, le deuil amoureux et le désir charnel, dans une atmosphère mélancolique. Réalisé par
Philippe Brault, l’album s’enrichit également de la participation du Quatuor Molinari, en intégrant de somptueux arrangements constitués de cordes, de vents et de chœurs.
Au programme, également, l’une des célèbres Gnossiennes d’Erik Satie, interprétée au piano et accompagnée d’un chœur. Bref, la beauté est partout présente à L’heure mauve ! Ça vaut le détour.

L’heure mauve / Nicolas Party
Trame sonore / Pierre Lapointe
Au Musée des beaux-arts de Montréal
Du 12 février au 16 octobre 2022