Pour son cinquième roman en seulement trois ans, Benoit Picard nous présente Pour qu’il reste des vagues, aux éditions Hurtubise. Avec sa plume toute en finesse, en introspection, en descriptions brillamment imagées, et en mystère à élucider, l’auteur nous amène dans la richissime famille Hamilton dans leur manoir à Kamouraska pour y suivre le destin des femmes en quête de liberté dans un clan masculin très encadrant. Un roman à trois voix, où l’on passe du présent au passé et qui explore les ambitions, aspirations et les rêves de ces femmes, tout en savourant la complicité entre frère et sœur et la puissance de l’amour.
Résumé : Léonie arrive à Kamouraska à reculons : la jeune femme redoute de passer l’été dans le vaste manoir de son grand-père, à côtoyer sa famille élargie avec qui elle n’a que très peu de choses en commun. Et pour cause : le richissime clan Hamilton n’est pas toujours tendre envers celle qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Léonie espère que son amie Olivia, employée au manoir, réussira à se libérer pour qu’elles se voient régulièrement. Sinon, c’est sur la présence rassurante du fleuve qu’elle compte pour profiter de l’instant. Et sa rencontre avec Matéo rend soudain l’été plus prometteur. Ses vacances prendront une tournure intéressante quand elle mettra la main sur des écrits de sa grand-mère et de sa tante Jeanne. De découverte en découverte, ses lectures l’amèneront à voir les siens sous un autre jour: et si Léonie n’était pas la première de sa lignée à se sentir à part ?
En mars 2022, j’ai eu un coup de foudre littéraire pour la plume de Benoit Picard, trois ans plus tard, je suis toujours aussi amoureuse de sa plume. Pour qu’il reste des vagues est probablement mon roman préféré de Benoit Picard, pour plusieurs raisons.
Avec ses deux premiers romans, je suis partie à la découverte du monde et la quête intérieure de ses personnages. Pour son troisième roman, l’auteur a choisi d’explorer la vie de couple avec un roman doux-amer à deux voix. Il avait amené la magie de Noël et un brin de nostalgie dans ma vie. Et maintenant, avec ce cinquième roman, c’est à Kamouraska qu’il nous emmène, avec ses effluves salins, son décor enchanteur et c’est au son des vagues du fleuve que je me suis laissée emporter dans cette histoire familiale à trois voix qui raconte la vie des femmes Hamilton, leurs besoins de liberté, de choix, d’amour, dans le carcan imposé par la figure imposante du maître du clan et de ses subordonnés.
Une des raisons qui fait que j’adore ses romans, c’est qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre, à part une belle dose d’introspection, des personnages d’une grande profondeur et très attachants, une histoire qui nous happe dès les premières pages. Un univers que l’on adore découvrir avec sa plume descriptive, si fine.
Extrait de cette belle plume : Au sujet de Léonie : «Au lieu d’emprunter l’autoroute de l’hyperperformance, j’erre dans le labyrinthe de l’indécision… Ce matin, le fleuve se perd dans une brume épaisse et ses eaux lisses, d’un rare clame, reflètent la grisaille ambiante. »
Au sujet de Jeanne, son frère la décrit : «T’es comme le fleuve, tu cesseras jamais de faire des vagues. Même dans les nuits les plus opaques, quand on ne les voit plus, il y en a encore.»
Avec Pour qu’il reste des vagues, j’ai tout de suite adoré Léonie, vingt-trois ans, qui va passer son été dans le manoir familial. Petite-fille de cette riche famille, elle n’a rien à payer. Tous ses frais scolaires sont assumés. Elle n’a qu’à suivre le plan tracé par celui qui tire les ficelles du clan. Mais c’est cela qui la retient et la fait douter de ce qu’elle veut faire dans la vie. Confuse, elle souhaite prendre l’été pour enfin savoir ce qu’elle veut faire dans la vie et cesser de se laisser contrôler par le patriarche.
Et par la suite, lorsqu’elle découvre le journal de sa tante Jeanne et celui de sa grand-mère Béatrice, et se découvre des similitudes de goût de liberté et d’envie de semer le chaos, comme elles l’ont fait avant elle. J’ai plongé tête première dans la vie des ces trois femmes en alternant le passé et le présent, avec une envie de savoir ce qui est advenu de Jeanne dont on n’entend plus parler aujourd’hui.
En plus du mystère qui plane sur le destin de Jeanne, il y a cette magnifique relation frère-sœur entre Sébastien et Jeanne qui me plait beaucoup. J’adore leurs discussions, leur petit jeu de deviner des titres de chansons, leurs chamaillages fraternels. Étant enfant unique, j’aurais aimé avoir un frère comme lui.
Je trouve également très inspirante la relation entre Gabriel et Jeanne. Un amour pur et simple. De même que j’aime bien voir Léonie se rapprocher de Matéo le Jardinier. Ces intermèdes amoureux sont beaux à voir.
Et il y a toutes les introspections des personnages féminins qui me touchent profondément. Leurs désirs, leurs aspirations, leur quête de liberté cela m’émeut et je me rends compte que ce sont des réflexions auxquelles j’adhère également.
Au cœur de cette histoire, il y a le mystère de la disparition de Jeanne qui nous tient en haleine jusqu’à la toute fin. Je n’en dirai pas plus pour ne pas semer des indices et gâcher le plaisir au lecteur de le découvrir. Pour ma part, j’ai eu des «feelings» de ce qui pouvait s’être passé et j’ai deviné la réalité seulement une soixantaine de pages avant la fin. Mais au-delà de ce mystère, cette histoire est fascinante à lire. Les relations entre les divers personnages sont les points forts de ce roman ainsi que les descriptions si bien détaillées au point de les voir, les sentir, et ressentir les ambiances que l’auteur nous crée avec ce livre.
J’ai déjà hâte à son prochain roman!
Benoit Picard est l’auteur de deux best-sellers inspirés de ses expériences à l’étranger (Aller simple pour l’inconnu et Jusqu’à l’horizon). Avec Nos vies parallèles son troisième roman paru au printemps 2024, il se penche sur les couples érodés par le passage du temps. Après un plongeon dans la magie de Noël avec Illuminer décembre, le voici dans l’univers fascinant des secrets de familles profondément enfouis avec Pour qu’il reste des vagues. Ce grand voyageur habite St-Jean-Port-Joli. Benoit Picard est le Récipiendaire du Prix Philippe-Aubert-de-Gaspé 2024 pour l’ensemble de son oeuvre.
Date de parution : 8 mai 2025
Nombre de pages : 314 pages
Prix : 26.95$
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/
Mon appréciation de ses autres livres :
Illuminer décembre : https://lesartsze.com/illuminer-decembre-le-roman-parfait-pour-nous-mettre-dans-lambiance-des-fetes/
Nos vies parallèles : https://lesartsze.com/nos-vies-paralleles-un-roman-touchant-qui-explore-la-vie-de-couple-apres-la-passion/
Mon appréciation de Aller simple pour l’inconnu : https://lesartsze.com/aller-simple-pour-linconnu-coup-de-coeur-litteraire-pour-ce-nouvel-auteur-benoit-picard/
Mon appréciation de Jusqu’à l’horizon : https://lesartsze.com/jusqua-lhorizon-une-conclusion-tout-en-emotions-pour-rosalie-et-liam/