Il y a une semaine, à la sublime Maison symphonique, cette résidence de l’Orchestre symphonique de Montréal, tous les pupitres et musiciens hurlaient à s’époumonner de passion amoureuse ces mots: Oyez! Oyez! Eh oui, le verbe ouïr qui en anglais donne Hear! Hear!
Pour que vous vous abonniez, l’OSM offrirait encore à ce jour, sur neuf programmes de concerts différents, un deuxième billet pour le prix d’un! En 90 minutes, ce fut l’objectif d’un concert sommatif cherchant à inciter à s’abonner. Et encore, comme toujours, un beau concert. Avec ceci de particulier où 9 compositions célèbres furent admirablement choisies parmi les futurs points culminants de la saison 2024-2025 à venir. Sous le bâton de Rafael Payare ou celui du chef québécois en ascension Simon Rivard (dans la sensationnelle œuvre du compositeur français Paul Dukas intitulée L’Apprenti sorcier) tout le public en admission générale aura entendu telle ou telle pièce spectaculaire être tirée du programme officiel ultérieur.
Allumer l’âme à ce vital amour de la musique
La passion amoureuse ne fait jamais défaut aux cœurs vraiment sensibles. L’Occident en musique, de Mozart à Schoenberg: on accroche ou on décroche? Au paroxysme du raffinement, toute direction de la programmation a le devoir de s’interroger aussi sur ce qui réussit à éveiller puis émouvoir.
Les décibels ou la mélodie?
Les textures sonores de chaque instrument en chaque pupitre? Les dynamiques et effets de staccato ou legato ou les pizzicati, glissandi ou les duos ou solos de nos titulaires principaux en chaque lieu de l’orchestre? Voilà ce qu’il faut élucider pour faire comprendre et aimer.
Instruire et plaire en élucidant l’Orchestre comme phénomène sonore
Voici une idée de base. Qu’est-ce que le quatuor ou les poumons assurant la ventilation, la respiration de l’orchestre? Autres idées d’approches: Faites contraster la sonorité du violoncelle en un fragment où surgissent les altos, etc. Faites lever un à un les pupitres, nommez-en les valeureux musiciens, indiquez les premier et second soliste de chacun des pupitres s’illustrant en un air succinct ou une mélodie célèbre.
Pour les bois
Quelques exemples probables profondément marquants à la gloire des flûtistes: pourquoi ne pas les faire lever, en spectaculaire chœur, jouant à l’unisson parfait, la mélodie du Prélude à l’Après-midi d’un Faune? Ernest Ansermet, célèbre mentor de l’Orchestre de la Suisse Romande diffusait la beauté en bouffées inoubliables de châtoiments orchestraux.
Solos de violoncelle ou des cuivres ou de la percussion?
Aux violoncelles le célèbre solo de violoncelle à l’amorce d’un des mouvements (3ième) du second Concerto pour piano de Brahms opus 83? Ensuite faire valoir les cors par l’entrée en matière de tant d’œuvres dont l’archi-célèbre première page d’Ainsi parlait Zarathrousta de Richard Strauss? Finalement, autre illustration sonore, se rendre aux électrisantes percussions dynamiques du second mouvement (en entier!) de la Symphonie no.10 de Chostakovitch?
Nuances sonores, faire naître la passion dès l’enfance
La liste serait infinie en ce que la programmation puisse enseigner LES NUANCES sonores des timbres et dynamisations de l’orchestre. En somme, comme jadis les Boston Pops de Arthur Fiedler. Faites ressortir la structure de base de l’orchestre, élucidez-en la disposition ou l’emplacement des pupitres: pourquoi telle ou telle formation et non telle autre?
L’atout qu’est le sympathique Rafael Payare
Et le sympathique chef Rafael Payare peut calmer son palpitant cœur hispanophone et articuler tranquillement les syllabes françaises de cet amour qui le dévore et qu’il veut inoculer à chacun, c’est à n’en pas douter. Comment naît l’amour de la musique chez un enfant, grand ou petit, en faire un futur fidèle?
Enseigner l’Orchestre est au centre de la contagion amoureuse. Écouter, entendre, soit Ouïr, Hear, Oïga! (espagnol). J’aurais bien voulu ajouter cent conseils pédagogiques en classe élémentaire visant à faire surgir et s’élever l’amour de la musique, mais l’espace me manque. Pour l’instant.