L’Orchestre Symphonique de Montréal recevra encore, ce dimanche 4 mai à la Maison Symphonique (à 14h15), le truculent pianiste Benjamin Grosvenor dans le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Maurice Ravel (1875-1937). L’œuvre sera rejouée après celle d’Émilie Lebel intitulée Les Sédiments: il s’agit d’un quart d’heure préalable rempli d’effets sonores liquides et exigeant de tous les pupitres un vaste étalage d’atmosphère introspective. La compositrice a surgi jeudi soir sur scène pour recevoir les vivats de la foule.
Déjà maîtrisé à l’âge 12 ans
En 2004, Benjamin Grosvenor, enfant prodige britannique, jouait déjà ce concerto avec vigueur et personnalité. Aujourd’hui, âgé de 33 ans, son interprétation s’est métamorphosée en un percutant feu d’artifices sonores prolongés par l’accompagnement survolté de l’OSM qui doit le suivre sous la baguette de Andrew Manze tant dans son envolée allègre du premier mouvement mais encore plus vivement jusqu’au terme du Presto final.
Un sublime mouvement lent
La partie centrale du concerto marquée Adagio assai est de pure poésie et Grosvenor a toujours exprimé publiquement (même à l’âge de douze ans) qu’il s’agissait du plus difficile des trois mouvements. La seule exigence supérieure du lyrisme ravélien nous y emporte à son paroxysme. Ce soliloque confirme à nouveau Grosvenor au sommet des pianistes de sa génération. Il nous avait ravi en ce récital inégalé du Ladies Morning, l’automne dernier…
Un rappel ravélien, pour plaire encore davantage au public, les Jeux d’eau, l’a justement encensé et a transporté l’euphorie des mélomanes à son point culminant .
Symphonie de Vaughan Williams
Les quatre mouvements, liés l’un à l’autre, de la sixième symphonie de Ralph Vaughan Williams (1872-1858) complétaient le programme de cette soirée équilibrée en durée et coloris des compositions: tant de jeunes publics présents jeudi soir se sont montrés intéressés à découvrir l’orchestre et les avantages de s’enrichir d’œuvres diverses!
Toutes les œuvres du répertoire sont usitées à l’acquisition de la grande culture universelle: elles expriment tantôt la joie de vivre ou, ailleurs, le désespoir du temps des armements, des guerres, des génocides annoncés, perceptibles, appréhendés. C’est bien là le bon choix de mots pour la sixième symphonie en mi mineur, une façon septième de Chostakovitch que Vaughan Williams a fait naître entre 1944 et 1947.
Orchestre symphonique de Montréal
Andrew Manze, chef d’orchestre
Benjamin Grosvenor, piano
Œuvres
Emilie LeBel, the sediments [les sédiments] (15 min)
Oeuvre canadienne
Maurice Ravel, Concerto pour piano en sol (23 minutes)
Allegramente
Adagio Assai
Presto
Entracte (20 min)
Ralph Vaughan Williams, Symphonie no 6 en mi mineur (31 minutes)
Allegro
Moderato
Scherzo-Allegro vivace
Épilogue-Moderato