La chorégraphe Rhodnie Désir, née d’une mère des Gonaïves et d’un père de Port-au-Prince (Haïti), présente la «recréation» du spectacle Bow’t, qui a vu le jour en 2013. L’artiste s’inspire de recherches qu’elle a effectué dans six pays des Amériques, pour s’imprégner des cultures et des rythmiques africaines déployées par les peuples qui y ont été déportés. Elle crée, entre autres, à partir du jungo (Brésil), du danmyé (Martinique), de la danse vaudou (Haïti), du son jarocho (Mexique), du blues (Nouvelle-Orléans) et du gospel croisé aux rythmiques Mi’kmaq (Canada).
Durant les premiers moments de cette «chorégraphie documentaire», Rhodnie Désir est assise devant un écran où l’on aperçoit la mer. Image saisissante (qu’on voit sur la photo) ! On pense alors aux boat people, puis à tous ceux qui fuient leur terre d’origine. Deux musiciens contribuent à installer une ambiance mystérieuse.
Engone Endong (composition sonore et «beatmaker) et Jashun (batteur) sont placés de chaque côté de l’écran, où l’on projette des images qui montreraient, entre autres, des gens que Rhodnie Désir a rencontré durant ces voyages de «recherche» et qu’elle appelle des porteurs de mémoire. Ces images sont toutefois généralement floues et passent rapidement. Résultat, l’immense écran attire souvent l’attention du spectateur qui peine à comprendre ce qu’on veut lui dire à travers ces projections. Où sommes-nous ? Que se passe-t-il ?
Quant à la chorégraphie comme telle, elle demeure très prévisible. Il y a bien quelques scènes percutantes, mais elles sont loin d’être nouvelles, qu’il s’agisse de cette robe carcan dont la danseuse semble vouloir se libérer ou de cette pierre qu’elle pose sur sa tête évoquant vraisemblablement le poids d’un héritage contraignant.
Le programme nous décrit la chorégraphe comme étant «mue par la volonté et le besoin de transcender ses origines». Voilà une démarche personnelle sans doute louable, mais cela se prête-t-il au spectacle ? Cela dit, puisqu’il est question de «documentaire», on s’attend à apprendre quelque chose. Mais quoi ?
En résumé, après cette huitième «recréation» du spectacle Bow’t , le temps est sans doute venu pour Rhodnie Désir de passer à autre chose.
«BOW’T, c’est le nom de l’œuvre originale de Rhodnie Désir qui s’inspire du mot «bateau» en anglais, mais aussi de BOW dans différentes langues (s’incliner, remercier, proue d’un navire, à côté de, donner…).
TRAIL, c’est cette route économique de près de 500 ans gravée dans les eaux et les terres, l’issu (sic) du colonialisme, mais également le parcours international physique et de mémoire de l’artiste.
RÉTROSPEK, c’est la rétrospective de ces huit dernières années de recherches donnant lieu à la 8e et ultime version.»
Bow’t trail Retrospek
Chorégraphie et interprétation : Rhodnie Désir
Musiciens : Engone Endong et Jahsun
Conception vidéo : Manuel Chantre
Espace libre, jusqu’au 22 février