Première montréalaise, ce mardi (10 janvier), de la comédie musicale canadienne Come from Away (Venus d’ailleurs). On y raconte l’histoire romancée des passagers de 38 avions qui ont soudainement reçu l’ordre d’atterir à l’aéroport de Gander (Terre-Neuve-et-Labrador), à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’un des atouts du spectacle est l’humour qui se dégage des dialogues entre les Terre-Neuviens et les voyageurs venus de différents pays. Vous aurez compris qu’il est préférable d’avoir une bonne connaissance de la langue de Shakespeare pour apprécier le tout.
Lent décollage
Sur scène, douze chanteurs et comédiens incarnent les principaux protagonistes de cet évènement sans précédent. Le livret de David Hein et Irene Sankoff est axé sur la bienveillance des citoyens de la petite municipalité de l’île de Terre-Neuve qui se sont alors retrouvés avec près de 7 000 personnes à héberger et nourrir durant plusieurs jours.
Il va sans dire que les interprètes Marika Aubrey, Kevin Carolan, Harter Clingman, Christine Toy Johnson, Julie Johnson, James Earl Jones II, Kristen Peace, Danielle K. Thomas, Jeremy Woodard, Julia Knitel, James Kall et Ali Momen jouent chacun plusieurs rôles. Tous ont d’agréables voix et s’avèrent de bons acteurs. La plupart des numéros sont chantés en choeur.
Le spectacle met toutefois du temps à trouver son rythme. Un long moment après le lever de rideau, des passagers ne savent toujours pas ce qui s’est passé à New York, où les tours jumelles du World Trade Center ont été pulvérisées ! Lorsqu’on réalisera l’ampleur du drame, chacun voudra téléphoner à ses proches. Tellement prévisible ! Il y aura aussi des flammèches entre des passagers de différentes nationalités.
Dans Me and the Sky, on évoque le combat des femmes pour se tailler une place dans le domaine du pilotage d’avions. Enfin, certaines répliques semblent dépassées, dont celles des deux passagers qui tentent d’abord de cacher leur homosexualité.
Ballades et musique traditionnelle
Musicalement, il y a quelques mélodies bien tournées, mais elles ne sont souvent que de courts passages greffés aux dialogues. De ce fait, on ne verra que de brèves chorégraphies plutôt accessoires. La mise en scène efficace de Christopher Ashley nous transporte, tour à tour, dans une cabine d’avion, un boisé, un petit bar, etc.
Les sept musiciens parmi lesquels on compte un accordéoniste et une violoniste sont eux aussi sur scène. On puise parfois à la musique traditionnelle de Terre-Neuve. Il y a également quelques rythmes rock très convenus et des ballades où il est, bien sûr, question d’amour. On se moque même un peu de Céline et de son interprétation explosive de My Heart Will Go On.
L’un des meilleurs moments musicaux de la soirée est offert en guise de rappel. On cède alors la scène à l’orchestre qui interprète une sorte de rigodon endiablé, rappelant fortement la musique traditionnelle québécoise.
Cela dit, après une heure quarante sans entracte, aucune mélodie ne s’impose vraiment. Quant aux paroles, elles évoquent l’hospitalité, la solidarité et l’empathie. Bien sûr, on ne saurait trop rappeler l’importance de ces valeurs mais, tout est dans la manière. Ici, on flirte avec l’angélisme !
Enfin, si vous avez raté Come from away en 2019, sachez que vous avez jusqu’à dimanche, 15 janvier, pour aller voir la comédie musicale canadienne la plus jouée de l’histoire de Broadway.
Come from away
Livret et musique : David Hein et Irene Sankoff
Avec 12 chanteurs-comédiens et 7 musiciens
Présenté par evenko et Broadway Across Canada
Salle Wilfrid-Pelletier, du 10 au 15 janvier