Corteo du Cirque du Soleil est de retour au Centre Bell. Au-delà des prouesses acrobatiques, le spectacle impressionne une fois de plus par la beauté des scènes féériques où se déroule une procession imaginée par un clown entouré d’anges. Cet univers carnavalesque, conçu par Daniele Finzi Pasca, semble aussi imprégné de l’atmosphère qui règne dans certains films de Fellini. L’espace scénique, entouré de somptueux rideaux, est installé au milieu de la salle, de sorte que la moitié du public est assise directement en face de l’autre.
Une étrange fête
Entre ciel et terre, Mauro, personnage central de Corteo (cortège en italien), imagine ses funérailles. Ce Clown rêveur, interprété par Gonzalo Munoz Ferrer, assiste à ses propres obsèques et grâce à la magie du spectacle il s’offre un dernier tour de piste avec ses amis. C’est ainsi que durant deux heures l’imagination du défunt nous entraîne dans des numéros de sangles aériennes, jongleries, planche sautoir, lits trampolines, roue Cyr, etc.
Dans cette étrange fête, les anges et les clowns sont magnifiquement costumés par Dominique Lemieux. Plusieurs pièces du décor sont aussi spectaculaires dont d’immenses lustres qui deviennent des balançoires. On verra également un théâtre miniature et un robot désobéissant (!) qui fera bien rire petits et grands.
La musique et les chansons de Jean-François Côté, Philippe Leduc et Maria Bonzanigo ajoutent une touche de nostalgie à cette fresque inspirée du cirque traditionnel, réunissant une cinquantaine d’artistes sur scène. À certains moments, tous chantent, comme pour célébrer des retrouvailles. En effet, les personnages de Corteo sont des humains et non pas des êtres surnaturels, comme dans d’autres spectacles du Cirque du Soleil.

Cirque du Soleil
La petite clownesse
Parmi les moments qui font le plus réagir le public, il y a l’apparition de la petite clownesse qui vole au-dessus de la salle, portée par des ballons gonflés à l’hélium.
C’est d’ailleurs à l’aide de poussées reçues de spectateurs qu’elle est redirigée vers la gauche ou la droite avant de regagner la scène.
Valentyna Pahlevanyan se prête à ce jeu avec un plaisir évident, depuis longtemps. La dame, atteinte de nanisme proportionné, fait partie de la troupe de Corteo, depuis sa création.
Côté acrobatique, le numéro de planche sautoir est époustouflant !
Il n’en reste pas moins que, dans l’ensemble, ce spectacle est plutôt tranquille et bien loin du rythme habituel des prouesses qui caractérise les productions du Cirque du Soleil. Certains numéros traînent en longueur.
Un spectacle à part
Cela dit, le caractère particulièrement théâtral de Corteo en fait une oeuvre visuelle à part, combinant le cirque, la poésie et le rêve.
Personnellement, je l’ai vu trois fois et j’y ai trouvé encore beaucoup d’intérêt. Après avoir été présenté sous le chapiteau dans le Vieux-Port, en 2005, puis dans sa version remaniée au Centre Bell en 2018, on peut penser que c’est probablement la dernière fois que ce spectacle passe à Montréal. Pour toutes ces raisons, Corteo vaut le détour.
Corteo / Cirque du Soleil
Au Centre Bell
Du 21 décembre 2022 au 1er janvier 2023