Programme triple à Danse Danse avec le retour de la troupe brésilienne São Paulo Companhia de Dança. Huit danseurs et six danseuses interprètent pour la première fois au Québec la chorégraphie Trick Cell Play d’Édouard Lock qui a d’ailleurs rencontré le public, après la première montréalaise du spectacle. Au programme de cette même soirée : une étonnante relecture de L’Oiseau de feu et finalement, Agora, où les danseurs s’en donnent à coeur joie aux rythmes de percussions afro-brésiliennes.
Clairs-obscurs

Crédit photo : Charles Lima
Le chorégraphe d’origine marocaine et fondateur de La La La Human Steps demeure fidèle à lui-même avec Trick Cell Play.
Une fois de plus, ses danseurs se fondent dans des gestuelles ultrarapides, particulièrement au niveau du haut du corps. Tout va si vite que les silhouettes des interprètes en deviennent floues aux yeux des spectateurs. Ces scènes d’une grande beauté nous donnent parfois l’impression d’être au cinéma.
À cela s’ajoute des clairs-obscurs mystérieux, des jeux d’ombres et de lumière. À certains moments, de longs faisceaux lumineux donnent l’impression d’être des arbres qui brilleraient dans une forêt en pleine nuit.
Tout ce flou est loin d’être un hasard. En répondant aux questions de spectateurs après la représentation, Lock a expliqué que le corps et la nature en général sont remplis de détails qui échappent souvent à notre perception.
«En demeurant flou, on risque moins de s’éloigner du réel. D’ailleurs, lorsqu’on prétend tout présenter clairement, souvent, le spectateur perd de l’intérêt. Il faut garder une part de mystère.»
L’artiste ajoute que lorsqu’il était enfant, son père dessinait et qu’il ajoutait ensuite des ombres. «J’ai compris plus tard qu’une part d’ombre est indispensable. C’est ce qui permet au spectateur de s’immiscer dans ce qu’on lui propose et de transposer les images dans son monde à lui, de leur donner la signification qui lui convient.»
Cela dit, Trick Cell Play dure 45 minutes et malgré les prouesses des danseurs, au bout d’une demi-heure, on a l’impression d’avoir fait le tour du jardin.
Quant à la musique de Gavin Bryars, un collaborateur de longue date de Lock, elle est inspirée d’airs d’opéras célèbres. On y entend, entre autres, une référence à Nessun dorma (Que personne ne dorme !) de l’opéra Turandot de Puccini.
L’Oiseau de feu

Crédit photo : Wilian Aguiar
Après l’entracte, L’Oiseau de feu de Marco Goecke a fait rigoler le public dans un Théâtre Maisonneuve bien rempli.
Ce pas de deux d’une dizaine de minutes, exécuté sur la célèbre musique de Stravinsky, devient une rencontre entre deux créatures timides.
S’agirait-il d’un oiseau qui danse et d’un humain qui vole ?
Chose certaine, ce chorégraphe allemand ne manque pas d’humour. D’ailleurs, dans l’une de ses récentes créations, les danseurs performent sur du maïs soufflé !
Au fil des ans, Goecke a créé des œuvres pour de nombreuses compagnies prestigieuses dont le Ballet de Hambourg, le Nederlands Dans Theater, le Ballet national de Norvège, Les Ballets de Monte-Carlo et le Ballet de Zurich.
Quant à ce pas de deux humoristique, il a été créé en 2010, pour le centenaire de L’Oiseau de feu.
Le Brésil brille

Crédit photo : Silvia Machado
La soirée se termine sur les rythmes endiablés d’Agora de la chorégraphe Cassi Abranches.
La Brésilienne sculpte les mouvements des danseurs à partir des rythmes du compositeur Sebastián Piracés, qui lie batterie et percussions afro-brésiliennes au rock. De nombreux spectateurs se sont dandinés joyeusement, emportés par ces courants chauds du Brésil.
Parmi ses nombreuses réalisations, madame Abranches a notamment été chorégraphe de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Rio 2016.
Quant à Agora, elle a reçu le prix de la meilleure chorégraphie, en 2019, à Sao Paolo.
En résumé, ce programme triple vaut le déplacement. D’une part, nous avons enfin l’occasion de découvrir cette oeuvre d’Édouard Lock, après des reports liés à la pandémie. De plus, la grande variété des émotions générées par ces trois chorégraphies a de quoi intéresser un large public de connaisseurs et de néophytes.
Danse Danse présente :
São Paulo Companhia de Dança
Chorégraphes : Edouard Lock (Trick Cell Play), Marco Goecke (L’Oiseau de feu) et Cassi Abranches (Agora)
Théâtre Maisonneuve, du 6 au 9 avril à 20h.