Pour Deux femmes en or présenté au Théâtre du Nouveau Monde, l’auteure Catherine Léger a écrit une série de courtes saynètes qu’on présente au spectateur entrecoupées de courtes musiques tonitruantes sur des éclairages violacés.
Les interprètes évoluent dans un seul décor minimaliste, composé d’un immense lit blanc, sans draps ni couvertures mais des coussins à l’arrière-plan. Un fauteuil simple et une petite commode complètent l’ensemble avec, côté jardin, une patère avec vêtements et une chaise, sur laquelle sera assis dans la pénombre un monsieur cocu, témoin incrédule des élucubrations de sa femme? On ne sait trop…
Évidemment, Claude Fournier nous l’avait démontré dans son film de 1970, ces deux maîtresses de maison s’ennuient à mourir car leur libido n’est pas vraiment satisfaite. Alors, il leur faut un homme, un vrai, dans la maison.
Quoi de mieux que jeter la faute sur le hamster qui aurait fait de petits crottins sur la moquette. Vite il faut appeler l’exterminateur. Et il en sera ainsi avec d’autres fournisseurs venus porter secours aux petites dames à la recherche de sensations extra-conjugales. D’ailleurs Steve Laplante et Mathieu Quesnel campent plusieurs de ces personnages venus assouvir les passions de leurs clientes. Et l’oeuvre de Fournier est joliment bien respectée.
Poupées USB et Robotisation
Là ou l’oeuvre se modernise à souhait, c’est quand Léger se plaît à nous parler de Facebook, Marketplace et autres YouTube où se retrouvent des gens de son entourage. Là vraiment, on quitte le vent des années folles pour tomber pile au 21e siècle. Le deux dames à la libido exacerbée utilisent moults stratagèmes pour attirer dans leurs filets toute une panoplie de victimes plus que consentantes… peut-être même issues de Tinder? Qui sait!
Charlotte Aubin et Rose-Anne Déry campent bien leurs personnages mais la palme revient à Sophie Desmarais qui joue avec une aisance remarquable. La salle est un peu lente à réagir mais après une trentaine de minutes, elle se dégourdie… jusqu’à rire brièvement haut et fort.
Pour une fois, Mathieu Quesnel garde son pantalon mais c’est Steve Laplante qui déclenche les plus fortes réactions: ce pince-sans-rire vous raconte une chose et son contraire avec une crédibilité exemplaire. Et le public en raffole.
Bref, si les relations de couple vous passionnent et que vous prenez plaisir à les décortiquer, ce spectacle est pour vous. Mais il faut vite réserver, il ne reste que quelques représentations.
Au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 23 février 2025
Spectacle à 20 h, deux représentations le samedi, une matinée le dimanche
Distribution : Charlotte Aubin, Rose-Anne Déry, Sophie Desmarais, Steve Laplante, Mathieu Quesnel
Texte : Catherine Léger (adapté du scénario de Claude Fournier et Marie-José Raymond)
Mise en scène : Philippe Lambert
Assistance à la mise en scène et régie : Marie-Hélène Dufort
Décor : Jean Bard
Costumes et accessoires : Audrée Villeneuve
Éclairages : Martin Sirois
Musique : Ludovic Bonnier
Création : Théâtre de la Manufacture
Crédit : Suzane O’Neill