Le chorégraphe israélo-britannique Hofesh Shechter et ses danseurs sont de retour à Montréal avec un programme double. En début de soirée, Clowns aborde avec cynisme et humour la banalisation de la violence. Après l’entracte, The Fix (la réparation) évoque notre éternel espoir de réconciliation, alors que les interprètes montrent leur vulnérabilité en cherchant à se rapprocher les uns des autres et même des spectateurs…
Clowns
Somme-nous au cabaret ou dans l’univers d’un film de David Lynch ? Après une entrée en matière loufoque au son de la musique endiablée de Cancan de Jacques Offenbach, le ton change radicalement !
Dans la pénombre, les danseurs jouent à se tuer, tantôt au couteau, tantôt au pistolet, puis, l’instant d’après, ils dansent joyeusement sur la trame sonore composée par Shechter lui-même. Leurs danses macabres sont synchronisées avec des éclairages très précis, où la lumière s’éteint momentanément pour marquer les changements de tableaux.
De son côté, le public éclate parfois de rire devant cet étrange spectacle, où il se reconnaît d’une certaine façon. En effet, il n’est pas rare que nous soyons témoins de scènes de violence, que ce soit à la télé ou ailleurs et cela ne nous empêche pas de retourner tranquillement à nos occupations, après observé la férocité de nos semblables avec une certaine fascination pour le danger et la mort.
En fait, qui sont les clowns de Shechter ? Proviennent-ils des médias qui cherchent toujours à capter notre attention ? Et s’ils représentaient les complices que nous sommes en contribuant par notre voyeurisme à ce que la violence se perpétue… Le chorégraphe ne juge personne, mais il soulève des questions. Si sombre soit-elle, cette chorégraphie n’en demeure pas moins divertissante.
The Fix
Heureusement, la comédie humaine ne se limite pas à des épisodes sanglants ! C’est pourquoi le spectacle évolue vers un dénouement heureux grâce à The Fix. Alors que la trame sonore tonitruante évoque le danger, comme à l’approche d’un train, les danseurs demeurent calmes, malgré tout, à travers leurs gestes harmonieux, bienveillants. L’un des interprètes semble même jouer avec passion un réconfortant air de guitare avant qu’on réalise qu’il n’a qu’un simple baton entre les mains !
Sarcastique, Shechter, termine néanmoins avec des scènes d’étreintes entre les danseurs qui, par la suite, vont même offrir leurs bras enveloppants à des spectateurs et spectatrices vraisemblablement heureux de se prêter au jeu. Ne faut-il pas toujours se réapprivoiser, semble dire le chorégraphe. Bien joué !
Double Murder
Chorégraphie et musique : Hofesh Shechter
Présenté par Danse Danse
Au Théâtre Maisonneuve, jusqu’au 5 novembre
Atelier de danse
Pour faire l’expérience de la gestuelle d’Hofesh Shechter, un atelier ouvert à tous est proposé par la compagnie. Dirigé par la répétitrice Yeji Kim, la session comprendra un échauffement explorant les principes fondamentaux du mouvement d’Hofesh, ainsi que l’apprentissage du répertoire et des images de son œuvre, notamment Double Murder. L’atelier (offert en anglais seulement) aura lieu le 5 novembre sur la scène du Théâtre Maisonneuve.
Photo 1 : Scène de la chorégraphie Clowns / Crédit : Todd MacDonald
Photo 2 : Scène de la chorégraphie The Fix / Crédit : Todd MacDonald