La particularité du spectacle Esencial, présentement à l’affiche à la TOHU, est dans sa mise en scène inspirée par l’arc-en-ciel de Waldorf, jeu pour enfant composé de piliers et d’arcs. Ces pièces sont au cœur de l’univers de cinq amuseurs qui enchaînent des numéros de jonglerie, d’acrobatie, d’équilibrisme, etc., dont le dénominateur commun est la simplicité. La bonne humeur se dégage de ce groupe d’artistes sympathiques mais, cela suffit-t-il?
Venus d’Espagne
Esencial est une production de la compagnie espagnole Vaivén Circo, créée par l’artiste de cirque Miguel Moreno et Raquel Pretel Ferrándiz qui, elle, est du domaine de la danse. Cette dernière discipline nous vaut d’ailleurs un moment de flamenco aux accents de danse contemporaine, au cours de ce spectacle de moins d’une heure, où il y a de la variété mais peu de temps forts.
Par exemple, le numéro de fil de fer, l’un des meilleurs de la soirée, est cependant loin de se dérouler à une altitude vertigineuse! Du coup, le niveau de risque semble plutôt faible et l’attention du public s’en ressent. Même constat pour le numéro de mât chinois, où les quatre membres restés au sol assurent la stabilité avec des cordes. Ce n’est pas mauvais mais, pas très original non plus!
Heureusement, le décor apporte un peu de magie en se transformant continuellement et de belle façon, alors que les artistes en assemblent les pièces sous nos yeux. À un certain moment, on se croirait même devant la Tour de Babel!
Quelques structures rectangulaires sont utilisées pour ajouter un peu de piquant aux numéros de jonglerie exécutés dans une ambiance détendue. D’ailleurs, si un jongleur échappe une balle, il hoche simplement la tête, en ayant l’air de nous dire: l’important est de faire de son mieux.
Bref, tout dans ce spectacle semble correspondre à l’idée de simplicité volontaire, dont l’objectif serait de s’en tenir à des valeurs «essentielles» en évitant le flafla. Pareil principe peut-il encore tenir la route dans une ville où l’on a vu grandir le Cirque du Soleil?
Quoi qu’il en soit, une certaine monotonie s’empare des spectateurs, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes. Pratiquement à chaque numéro, si minimaliste soit-il, on a prévu un temps pour les applaudissements. Ces derniers étaient d’ailleurs souvent anémiques en ce vendredi soir à la TOHU, où de nombreux sièges sont restés vides, même dans une configuration réduite de la salle circulaire.
«On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux», dit le Petit prince de Saint-Exupéry. Il y a là un idéal philosophique que semble partager cette troupe espagnole dont on applaudit, certes, l’esprit de camaraderie. Il n’en reste pas moins qu’on va au cirque pour être ébloui, où à tout le moins surpris, ce qui ne se produit pas dans Esencial.
Esencial de la compagnie Vaivén Circo
À la TOHU, jusqu’au 18 mars
*Crédit photo : A. Almanza