La pièce Janette démarre avec la naissance de Janette Bertrand en 1925, dans le Faubourg à m’lasse. L’inlassable Guylaine Tremblay commence alors son texte, écrit avec grande justesse par Rébecca Déraspe. Fille d’un honnête commerçant (J.A. Bertrand, mercerie pour hommes), Janette a ressenti très tôt l’amour de son père et le manque d’amour de sa mère.
Le metteur en scène, Jean-Simon Traversy, a résolu l’insoluble casse-tête, d’inclure une infinité de courtes scènes dans une ambiance et un ton différents. Pour ce faire, on a usé de ruses dans un décor à étages : des dîneurs de chaque côté au premier plancher, et sur un plan supérieur Janette qui gère le tout.
Et puis, tous ses interprètes qui jouent une multitude de personnage… de Pierre Péladeau à Duplessis! Également, comme ce curé de paroisse, collègue universitaire de l’époux qui la prévient : « Empêcher la famille? Pas question, à moins que… seul votre mari jouisse, à cette condition je pourrais vous donner l’absolution.» La salle s’indigne et moi aussi ! Je ne l’avais pas encore entendue celle-là. Tout le long de la soirée, on croyait tout savoir d’elle mais on en apprend encore !
Les costumes et l’unique décor accentuent l’aspect théâtral du propos. Mais Janette est vêtue d’un pantalon pourpre, d’un chemisier assorti, d’un soulier plat, ce qui lui permet de faire ses nombreux déplacements en un temps record et avec grande aisance.
Inutile de relater la vie de la centenaire, on la connaît presque tous. Mais certains faits marquants y sont soulignés avec justesse. Comme cette scène dans la loge des Beatles au Forum de Montréal où Janette leur apprend qu’ils viennent d’atterrir dans une ville française d’Amérique. Et le soir de la représentation, si le groupe britannique a salué la foule en français, c’est bien grâce à elle.
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Comme chacun sait : Janette est une perle rare! Ce qui ne l’a pas empêché d’être vilipendée par le clergé, par les bourgeois qui la traitaient de «fille du peuple» et par toute la gent masculine… pour ne nommer que ces groupes. Évidemment, nous parlons de tout un siècle à décortiquer, d’une religion ominiprésente et étouffante, sans compter la longue lutte pour l’égalité de tout un chacun.
Une Guylaine Tremblay grandiose, campant Janette de tous les temps avec une gestuelle et une vocalise en fluctuation au gré des saisons de l’existence. Une équipe fort dynamique l’appuyant avec verve et engouement. Parfois nous rions, ensuite place à la réflexion, pour ensuite esquisser quelques pas de danse en fredonnant la fameuse Madame Bertrand, le grand hit du Charlebois des années 60.
Un moment de théâtre hautement mérité pour une femme du peuple qui, à force de travail, de volonté et de persévérance est devenue une grande Dame d’honneur. À voir absolument !
Mise en scène
Jean-Simon Traversy
Interprétation
Normand Chouinard, Zoé Lajeunesse-Guy, François-Simon Poirier, Sébastien Rajotte, Lorenzo Somma, Phara Thibault, Guylaine Tremblay, Cynthia Wu-Maheux
Photos : Danny Taillon
Billets et information : duceppe.com
Supplémentaires et prix réduits pour ados
- Duceppe ouvre aujourd’hui deux nouvelles supplémentaires pour le spectacle Janette [3]: mercredi 7 mai et vendredi 16 mai, portant le compte à 7 supplémentaires et 35 représentations en tout, alors que l’avant-première est ce soir! C’est déjà plus de 20 000 spectateur·ices qui sont attendu·es à Montréal à ce jour.
- Une soirée à prix réduit pour les ados
– Au cœur du spectacle Janette se trouve l’importance de la transmission entre les générations. Janette a vécu 100 ans, elle a contribué à façonner le Québec moderne, mais les plus jeunes ne connaissent pas son histoire!
– Le 16 mai, Duceppe fait tomber les prix pour les adolescent·es (17 ans et moins) pour aider les familles à participer à la grande transmission si chère à Janette.