Les célèbres requiems des compositeurs français Gabriel Fauré et Maurice Duruflé seront interprétés par l’Ensemble vocal Arts-Québec sous la direction de Francis Choinière, à la Maison symphonique. L’organiste Jonathan Oldengarm sera à la console du Grand Orgue Pierre-Béique. Entrevue avec ce musicien qui peut jouer à lui seul le rôle de tout un orchestre.
Monsieur Oldengarm qui est à la fois organiste, pianiste et claveciniste occupe présentement le poste de directeur musical à l’église presbytérienne St. Andrews & St. Paul de Montréal. Habitué à accompagner des chœurs à l’orgue, il estime que la configuration des lieux à la Maison symphonique représente un défi pour un organiste accompagnateur.
«D’abord, c’est un privilège de jouer sur un instrument d’une telle qualité dans un environnement acoustique de haut niveau. Cela dit, les tuyaux de l’orgue sont placés à l’arrière-scène au-dessus des chanteurs. Il faut donc continuellement adapter son jeu de façon à ce que la musique soit bien entendue dans la salle sans pour autant assourdir les chanteurs. Bien sûr, mon but est de soutenir les voix et non pas de les engloutir !»
«Tube du répertoire choral sacré»
Sur son site Internet, la boutique parisienne de CD et DVD classiques Melomania qualifie le Requiem op. 48 de Fauré de «véritable tube du répertoire choral sacré». Oeuvre paisible ? Lumineuse ? Voici ce que Fauré lui-même en disait : «Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi devant la mort. Quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je ressens la mort, comme une délivrance heureuse, plutôt que comme un passage douloureux.»
Pour sa part, monsieur Oldengarm est enthousiaste à l’idée de plonger dans «le monde esthétique de Fauré avec ses belles mélodies, ses harmonies riches et colorées dont l’écriture est très personnelle.» Rappelons que Fauré n’aimait pas la tendance de son époque à composer des requiems théâtraux avec grand orchestre symphonique. Il a retouché son oeuvre à maintes reprises et on considère que l’histoire de sa composition s’étend de 1887 à 1901.
Une vingtaine d’année plus tard, le compositeur enfermé dans la solitude de la surdité précisa l’idée principale de son Requiem : «la confiance dans le repos éternel». Ce propos est cité dans la biographie de Fauré signée par le critique musical français Jacques Bonnaure.
Créer son propre langage musical
Le Requiem de Duruflé, oeuvre majeure de ce compositeur, existe en trois versions. La première a été écrite pour grand orchestre. Elle fut créée en 1947 et suivie de peu par la version pour orgue. Quant à la troisième, conçue pour un orchestre réduit, elle a été terminée en 1961.
Si le Requiem de Fauré est de style romantique, comment qualifier celui de Duruflé ? «D’une part, il y a des dissonances évoquant une certaine modernité mais d’un autre côté, Duruflé utilise des thèmes très anciens du chant grégorien. On peut dire que Duruflé a fait sa propre synthèse et créé son langage musical.»
Sur disque
Duruflé lui-même a dirigé un enregistrement de son Requiem avec l’Orchestre de l’Association des Concerts Lamoureux (Erato, 1959), réédité en CD sur étiquette Warner Classics (2004). On peut écouter un extrait de son In Paradisum : ici.
Quant au Requiem de Fauré, il en existe de nombreux enregistrements dont un réalisé à Montréal, à l’église Saint-Nom-de-Jésus, avec l’organiste Régis Rousseau et les choeurs Les Voix d’Elles et Les Chantres musiciens. (XXI-21 Productions, 2005)
Requiem de Fauré et de Duruflé
Ensemble vocal Arts-Québec
Marie-Andrée Mathieu, mezzo-soprano / Dominique Côté, baryton
Jonathan Oldengarm, organiste
Francis Choinière, chef
Maison symphonique
Dimanche, 13 février à 13h et 16h