De passe-temps, les dessins de Jim Carrey sont devenus de véritables plateformes politiques. L’acteur avait – dirait-il – besoin d’extérioriser ses angoisses en les couchant sur le papier. Depuis 2016 – et une certaine élection – il les publie sur Twitter. La communauté a répondu vite et fort, propulsant ses œuvres satiriques au premier plan de l’indignation sociale. En première mondiale, le Centre Phi accueille plus de 50 œuvres de l’artiste canadien, jusqu’au 1er septembre.
Il est évident qu’une thématique ressort : le président américain est une source inépuisablement inquiétante pour ce génie de l’humour, qui n’entend malheureusement plus à rire. Bon nombre de ses dessins sont donc des critiques frontales de la politique plus que questionnable de Donald Trump, mais aussi de ses proches collaborateurs. Ainsi, Stephen Miller – conseiller politique – et Sarah Huckabee – ancienne porte-parole de la maison blanche – sont exposés sous une lumière qui rend justice… à leurs travers !
D’autres sujets d’actualités ressortent dans cette thérapie artistique : l’immigration, l’environnement, le lobby des armes à feu… mais aussi des hommages : Robin Williams, Martin Luther King… des influences positives et salutaires qui viennent contrebalancer l’ambiance mélancolique et tristement réaliste de l’exposition.
Il est également approprié de considérer le coup de crayon de Jim Carrey. Sans être particulièrement fine ni révolutionnaire, sa technique prend tout son sens dans le contexte et les références qu’il utilise. De l’humour – oui – mais avec une dimension beaucoup plus grave et percutante, plus proche de l’ironie que du sketch. Certains dessins en sont presque malaisants, tellement ils recrachent l’absurdité et la perversion des pouvoirs en place. Bref, il n’aurait pas à rougir s’il tentait une reconversion dans la caricature de presse.
La force et l’originalité de Jim se retrouvent là, à portée de main. En quelques traits, il est capable de rassembler le public autour d’une idée complexe et de lui faire comprendre ses enjeux. Une chose que bien des membres de la droite politique américaine qui essaient de le bannir de Twitter, n’ont jamais réussi à faire…
This Light Never Goes Out : les dessins engagés de Jim Carrey, est présenté jusqu’au 1er septembre au Centre Phi.