Une soirée unique en l’honneur de Clémence DesRochers, avait lieu ce lundi (6 juin), à la Grande Bibliothèque. Tire le Coyote, Marina Orsini, Fanny Bloom et Queen K, entre autres, ont interprété des chansons et monologues de ce monstre sacré de la culture québécoise. Clémence elle-même a fait rire aux larmes les spectateurs à la fin de cette soirée-bénéfice animée par Chantal Lamarre.
Installée au milieu de l’auditorium de la Grande Bibliothèque, madame DesRochers a revu sa vie défiler sur scène, non seulement en poésie et en numéros de comédie, mais aussi en photos, depuis son enfance jusqu’aux différentes époques de sa carrière.
En ouverture, Le monde aime mieux Mireille Mathieu, est interprétée avec aplomb par Kim Lizotte qui plus tard reprendra une partie du monologue L’acheteuse. Délicatement accompagnés au piano par Gaël Lane Lépine, les mélodies et les textes de Clémence sont admirablement mis en valeur. Marina Orsini respire le bonheur dans Je ferai un jardin. Elle est tout aussi à l’aise dans le registre comique pour jouer Les trois soeurs (texte de Clémence) avec Kim Lizotte et Queen K.
Florence Blain Mbaye offre une relecture bien sentie du monologue Ménopause tiré du spectacle J’ai show. Quant à Tire le Coyote, La vie de factrie et La chaloupe Verchères lui vont si bien qu’on souhaiterait qu’il les ajoute à son répertoire. Le chanteur à la voix haut perchée a d’ailleurs eu droit aux commentaires de Clémence livrés avec son franc-parler habituel : «Tu chantes comme une fille, mais ta voix est unique !»
La mise en scène d’Ines Talbi permet de passer harmonieusement des numéros de variété aux entrevues menées par Chantal Lamarre avec la bibliothécaire Danielle Léger. Grâce à ce volet de la soirée, plusieurs spectateurs en ont beaucoup appris sur les réalisations de madame Desrochers qui a, notamment, signé le livret de la toute première comédie musicale québécoise Le Vol Rose du Flamant, en 1964. Cela dit, saviez-vous que Clémence a partagé la scène avec René Angelil, Pierre Labelle et Françoise Lemieux dans le spectacle La Belle Amanchure, en 1971 ?
On évoque aussi l’époque marquante des Girls (1969) avec une vidéo où on les retrouve toutes, soit, Clémence, Diane Dufresne, Paule Bayard, Chantal Renaud et Louise Latraverse. Cette dernière assistait d’ailleurs au spectacle, ce lundi soir, assise tout près de Clémence.
Quelque 200 personnes avaient payé 500 $ pour cette soirée-bénéfice organisée par la Fondation de BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec). En entrevue aux ArtsZé, la directrice générale de la FBAnQ, Émilie Guertin a expliqué que les sommes ainsi amassées allaient permettre de soutenir des «projets plus pointus, comme de l’animation littéraire avec des jeunes en Centres jeunesse ou de la restauration de livres, etc.»
Bien sûr, le mot de la fin revenait à la reine de la soirée qu’on a amenée sur scène à la fin du spectacle d’environ une heure et demie. Après avoir félicité les artistes qui lui ont rendu hommage, notre Clémence est passée aux confidences.
Championne de l’autodérision, l’octogénaire confesse : «J’ai les deux genoux barrés ! J’ai dû m’acheter une prothèse qui m’a coûté 2 000 piasses !» Ses maux n’ont toutefois rien changé à son humour grinçant et ce n’est pas demain la veille qu’on la verra emménager au «centre d’écueuils» (centre d’accueil) !
«S’il y en a qui s’ennuient de moi, sachez que mon garage est plein de choses qui pourraient vous intéresser, disques, vidéos, etc.» On rit de bon coeur en retenant l’ultime message de cette artiste-phare qui accompagne les Québécois depuis plus de six décennies : «Je m’ennuie de vous et j’espère qu’il en va de même pour vous !»
Pour en savoir davantage sur la FBAnQ : https://www.fondation.banq.qc.ca/