Zaz est la seule artiste féminine française de l’heure à pouvoir remplir à presque pleine capacité le Théâtre du Centre Bell. Zaz, un secret que je croyais bien gardé, a pourtant cassé la baraque samedi soir devant 7834 spectateurs en liesse et de tous âges.
D’entrée de jeu et pour réchauffer la salle, elle a gambadé jusqu’à une console centrale arborant tunique ample, leggings et bottillons où elle a semblé participé aux effets sonores technos et à la danse des lumières stroboscopiques tandis que les sept musiciens s’installaient sur scène.
Le ton était ainsi donné par la sautillante Zaz. Pendant presque deux heures, elle a offert un spectacle gai, plein de candeur, gonflé d’énergie avec un tas de trouvailles aux éclairages, aux arrangements musicaux et aux illustrations dynamiques de fonds de scène. Si Gilbert Bécaud s’appelait Monsieur 100,000 Volt, Zaz fait dans le giga volts.
Tout au long de la soirée, elle chantera ses plus grands succès dont l’entraînante Je veux, créée en 2010 qui l’a propulsée surtout qu’elle y joue du gazou, la jolie Si jamais j’oublie à laquelle le public a fortement réagi, Les Passants aux arrangements exquis enrichie par la trompette, l’accordéon et la contrebasse, la psychédélique Si je perds, l’émouvante Si, paroles sur la vie venant d’une fille authentique. Les spectateurs se sont levés fréquemment et ont entonné avec elle les paroles des chansons.
Zaz possède cette voix feutrée à texture indéfinissable, un composite d’Ella Fitzgerald, de Laurence Jalbert, de Christine Chartrand, de Piaf mais aussi le rocailleux et l’inédit d’Amy Whinehouse. Ses musiques font dans le techno, le jazz avec des pointes de charleston et le son envoûteur très Paris.
Son charisme vient de cette candeur et de ce côté espiègle et sans malice. Zaz est un clin d’œil à la vie et au bonheur signifiés par les mouvements de jambe, de bras, de mains, de tête et les sourires éclatants. Elle emprunte parfois les jeux de pieds des boxeurs, fait dans l’aérobie, elle est infatigable.
Zaz ose aussi prendre le répertoire de ceux qui l’ont précédée et de ses pairs sans jamais imiter comme dans Paris sera toujours Paris qui faisait partie des tournées de Maurice Chevalier. D’ailleurs dans le vidéo de Zaz, le chanteur au célèbre canotier y apparaît brièvement. Tous les cris les SOS de Daniel Ballavoine que Marie-Denise Pelletier a célébré de ce côté de la terre, Petite Marie de Cabrel qu’elle adore, Revivre de Daniel Bélanger, Sous le ciel de Paris d’Édith Piaf, et une grande surprise que la venue sur scène de Lisa Leblanc, banjo en main pour J’pas un cowboy.
Elle a aussi dansé et chanté sur la classique Historia d’un amor où la couleur gitane de sa voix enflamme. Vers la fin du spectacle, elle nous a aussi mis au parfum de ses prises de position sociales et politiques avec Zazimut (zazofficial.com). Zaz, l’authentique, la battante, la militante : Il faut reprendre votre pouvoir. Il n’y aura pas de paix dans le monde si on a pas la paix avec soi, dira-t-elle.
Zaz est une ambassadrice exceptionnelle de la France. Elle vient conquérir l’âme québécoise avec le kaléidoscope de ses talents certes, mais elle vient aussi faire résonner en nous cette partie bien française enfouie dans un coin de notre ADN.
Les concerts se poursuivent au Japon.
Photos © Sébastien Jetté – http://www.sebastienjette.com / Les ArtsZé