Les concerts de clavecin ne sont généralement pas les plus courus en ville, sauf quand le Festival Bach Montréal accueille Jean Rondeau pour interpréter un chef-d’oeuvre baroque. Cet artiste français, souvent cité comme l’un des principaux talents révélés au cours de la dernière décennie, s’avance sur scène doucement, sans même qu’on l’entende marcher. Le jeune homme filiforme au look décontracté et aux manches retroussées pourrait être celui qui vient installer votre ordinateur. Il va pourtant prendre place au clavecin, un instrument qui a connu son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècle, pour interpréter les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, reconnues comme l’une des oeuvres les plus importantes écrites pour clavier.
Recueillement
Le musicien s’installe en se donnant un moment pour entrer dans le fascinant univers musical qui nous attend, entraînant ainsi l’assistance dans cet esprit de recueillement. Bien sûr, l’œuvre est d’une très grande richesse de formes, d’harmonies et de rythmes, nécessitant un grand raffinement technique. En fait, à partir de l’Aria introductive, Bach crée un monde musical en développement: canons, fugues, gigues, chorals ornés, etc. Il en résulte trente variations dans lesquelles le compositeur déploie des trésors d’imagination pour partir du même point et revenir au même point.
Malgré quelques bruyants véhicules qui s’agitent autour de la Salle Bourgie, Rondeau demeure habité par cette musique et traverse le cycle un peu comme un grand voyage. L’homme à la barbe dense sait ciseler les rythmes et aussi faire chanter son instrument, notamment dans la Variation 16.
Ultime Aria émouvant
Après plus d’une heure d’émotions musicales intenses, le cycle se termine par la réitération de l’aria, suggérant que rien n’est achevé. Là encore, par sa gestuelle sobre et son attitude respectueuse, le musicien est en phase avec la bouleversante simplicité des dernières mesures de l’oeuvre.
Malgré tout, certains mélomanes retenaient que l’artiste ne s’était pas suffisamment préparé, estimant que sa prestation montréalaise des Variations n’était pas à la hauteur de celle qu’il a offerte il y a deux ans et dont on peut écouter des extraits sur YouTube. Il n’en reste pas moins que la majeure partie de l’assistance s’est levée pour ovationner le jeune claveciniste dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Jean Rondeau, clavecin
Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Les Variations Goldberg, BWV 988 (1741)
Salle Bourgie, 26 novembre
La Messe en si mineur à l’église Saint-Jean-Baptiste

Parmi les autres concerts attendus du Festival Bach Montréal, cette semaine : la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, avec Arion orchestre baroque et le choeur du Studio de Musique Ancienne (SMAM)
La soprano américaine Robin Johannsen, le ténor allemand Richard Resch et le contreténor espagnol Carlos Mena figurent au nombre des solistes invités. Cette partition grandiose sera interprétée dans le somptueux décor néo-baroque de l’église Saint-Jean-Baptiste. D’ailleurs, on peut arriver un peu avant le concert pour admirer, entre autres, les lustres d’origine, les riches ornementations de la chaire et des vitraux de Guido Nincheri, installés en 1932.
Messe en si mineur, BWV 232
Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Avec :
Arion Orchestre Baroque
Le choeur du Studio de Musique Ancienne de Montréal
Chef invité : Andrea Marcon
Les solistes :
Robin Johannsen, soprano
Hana Blažíková, soprano
Carlos Mena, contre-ténor
Richard Resch, ténor
José Antonio López, baryton
Église Saint-Jean-Baptiste : 309, rue Rachel Est, Montréal
Métro Mont-Royal
29 novembre, 19 h 30































































