La soprano Karina Gauvin se joint à l’Orchestre Métropolitain pour interpréter des lieder d’Alma Mahler dans un concert où l’on entendra aussi La Mer de Debussy. Au programme, également, une oeuvre de la compositrice italo-américaine Paola Prestini.
La mer
Créée en 1905, à Paris, l’oeuvre symphonique La Mer est l’une des compositions orchestrales les plus jouées de Claude Debussy. On y retrouve les aspects clés de l’esthétique du compositeur dont l’impressonnisme et le symbolisme. Par exemple, dans la première des trois parties, intitulée De l’aube à midi sur la mer, on observe un crescendo symbolisant la montée du jour. Le mouvement cyclique des cordes et des flûtes représente le rythme des vagues.
Pour sa part, le célèbre pianiste soviétique Sviatoslav Richter voyait dans ces esquisses symphoniques une grande réussite artistique : «Dans la musique de Debussy, il n’y a pas d’émotions personnelles. Il agit sur vous encore plus fortement que la nature. En regardant la mer, vous n’aurez pas de sensations aussi fortes qu’en écoutant La Mer. […] Debussy, c’est la perfection même. » (Cité par Alexander Melnikov, dans « Sagesse et compassion », trad. par Dennis Collins, livret du double CD Debussy, Chopin, BBC Legends, 1999, p. 12.)
Rappelons que l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Yannick Nézet-Séguin, a d’ailleurs enregistré La Mer de Debussy pour Atma, en 2007
La vie légendaire d’Alma Mahler
Alma Maria Mahler, née Schindler à Vienne en 1879, est morte à New York en 1964. Elle a été successivement l’épouse du compositeur Gustav Mahler, de l’architecte Walter Gropius et du romancier Franz Werfel. Elle a aussi eu une relation amoureuse avec le peintre et écrivain Oskar Kokoschka.
L’histoire de sa vie a été adaptée au cinéma dans le film de Bruce Beresford, Alma, la fiancée du vent. Elle a également été l’objet d’un best-seller de Françoise Giroud (Alma Mahler, ou l’art d’être aimée). Sa présence dans l’imaginaire public est davantage liée aux rencontres de sa vie amoureuse qu’à ses œuvres. D’ailleurs, l’ouvrage de Giroud ne parle pas de la musique d’Alma Mahler.
La dame aurait néanmoins composé une centaine de lieder qui restent encore inédits. Une quinzaine de ses oeuvres ont été enregistrées par diverses interprètes.
Une première à l’OM
Le concert du 8 avril permettra aussi aux mélomanes de découvrir une oeuvre de la compositrice Paola Prestini, née en Italie, en 1975. Madame Prestini fait partie des 35 meilleures compositrices de musique classique, selon le Washington Post.
Dans un échange de courriels avec Les ArtsZé, l’artiste explique que Barcarola est une pièce en un mouvement, inspirée d’un poème du même nom du Chilien Pablo Neruda. «C’est une des premières pièces que j’ai écrites à la Juilliard School. J’apprenais alors à composer pour l’orchestre.» Madame Prestini ajoute que cette oeuvre est marquée par des dissonances et «d’une forme structurelle qui ressemble à une vague».
Barcarola n’a été jouée qu’une seule fois, en 1996, par les étudiants du Juilliard Orchestra. Ce sera donc la première fois qu’elle sera interprétée par des professionnels. La compositrice précise qu’elle a révisé sa partition pour l’occasion. «Ce travail m’a permis de mesurer l’évolution de mon langage musical et de constater qu’après tout ce temps, j’aime toujours Barcarola.»
Le chef
Quant au chef invité, il s’agit de l’Américano-Japonais Kensho Watanabe qui a notamment été le chef assistant de Yannick Nézet-Séguin à l’Orchestre de Philadelphie.
La grande vague : Alma et La Mer
Orchestre métropolitain, Kensho Watanabe, chef
Karina Gauvin, soprano
Programme :
Paola Prestini : Barcarola
Alma Mahler (orchestration Matthews) : Sept Lieder
Claude Debussy : La Mer
Maison symphonique / 8 avril à 19h 30