J’étais à la Première de l’opérette «Andalousie» hier soir, et Belle Lurette frappe un grand coup avec un spectacle haut en couleur pour les yeux, une merveille pour les oreilles avec de belles voix classiques, et dur pour la rate tellement le public rit de leurs pitreries. La mise en scène d’Étienne Cousineau a modernisé l’oeuvre de Francis Lopez en utilisant le style de l’émission «Le coeur a ses raisons», au grand plaisir des spectateurs. Une belle trouvaille!
On est impressionné par la qualité des 118 costumes qui habillent les 19 interprètes. Un travail de confection et surtout de changements rapides en coulisse. Les décors et les éclairages ne sont pas en reste, surtout qu’il y a plus de 10 scènes différentes avec autant de changements de décors. Une grosse production pour fêter les 20 ans des Productions Belle Lurette.
Côté sonorisation, c’est le paradis. Les chanteurs n’ont pas besoin de micros grâce à leurs voix puissantes. L’orchestre de 3 musiciens en mode acoustique les accompagne parfaitement sans jamais les atténuer. Un sans faute de ce côté!
Habituellement on a droit à une histoire qui met en valeur 2 ou 3 personnages principaux. Mais avec «Andalousie», il y a tellement d’intrigues parallèles qu’on a de la difficulté à identifier quels sont des personnages principaux. Tant mieux, car ça permet d’entendre plusieurs solos de différents acteurs.
Emmanuel Raymond (Juanito) est merveilleux dans son rôle de coqueluche du village. Sa belle voix riche avec des aigus puissants nous charment à tout coup. Sa dulcinée Dolorès, incarnée par Jessica Lessard, l’accompagne avec une belle voix classique aux aigus purs et solides.
Étienne Cousineau (Pilar) est désopilant en grande amie nunuche de Dolorès. En plus de nous étonner avec sa grande voix de sopraniste, il trouve toujours une façon de nous faire rire de bon coeur. Ses envolées vocales sont très appréciées.
Celui qui essaie de la séduire, Pepe, est endossé par Jean-François Raynaud. Il offre parmi les meilleurs moments humoristiques, dont sa première scène avec Pilar dans un numéro de séduction hilarant. Ses scènes avec son comparse Baedeker, joué par Tristan Roy, sont mémorables pour leur humour absurde.
La cantatrice Fanny est interprétée délicieusement par Dahlia Gamache. Sa grande voix puissante et son aplomb dans tous les registres, spécialement les aigus, nous font croire en son personnage.
Benoît Godard en Rodriguez nous offre un surprenant solo avec sa belle voix mature et riche dans le très grave. Geneviève Beauchemin nous amuse plus d’une fois en Greta qui court après le beau Pepe.
Sans oublier la «Mama» de Dolorès (Donna), interprétée par Jocelyne Cousineau. Ses trop courtes présences viennent épicer plusieurs scènes cocasses. Elle a d’ailleurs une très bon numéro au début avec Pilar et Dolores.
Plusieurs scènes restent en tête. La scène au couvent est un petit bijou. Le public a ri du début à la fin, pendant que le beau Juanito essayait d’être sérieux. Les deux finales des deux actes sont aussi de grands numéros délicieux autant en chanson qu’en danse. Les chorégraphies sont d’ailleurs assez bien réussies pour une opérette. La chanson «C’est la fête à Séville» de la finale est un ver d’oreille qu’on fredonne en sortant de la salle.
Cette production de «Andalousie» avec 19 artistes, 3 musiciens, 118 costumes, et beaucoup d’humour est très réussie. Si vous aimez la musique classique et que vous aimez bien rire, je recommande ce spectacle qui est présenté encore jusqu’à dimanche après-midi.
Équipe de création
Auteur: Francis Lopez
Mise en scène/Direction artistique: Étienne Cousineau
Directeur musical: Maxime Dubé-Malenfant
Décors: SOS Décors
Costumes: Louise Dubois
Accessoires: Ginette Desbiens, Laurence Chaput
Perruques/Coiffures: Marie-Josée Corneau
Éclairages: Maude Serrurier
Distribution
Emmanuel Raymond, Jessica Lessard, Jean-François Raynaud, Etienne Cousineau, Dahlia Gamache, Benoît Godard, Tristan Roy, Jocelyne Cousineau, Geneviève Beauchemin, Miguel Doucet, Marie-Josée Corneau, Annie Arsenault, Pierre-Luc Cossette, Bruno Cognyl-Fournier, Anne-Marie Mousseau, Jacinthe Décarie, Valérie Flat, Pascale Rivière, Isabelle Baumann-Lenot.
Musiciens
Maxime Dubé-Malenfant, Nicolas Belpaire, Stéphane Savaria.
Maison de Arts de Laval (1395 Boul. de la Concorde Ouest, Laval)
Présenté en français du 8 au 10 novembre 2024 à 14h et 19h30.
Billets en vente (50$/45$ Étudiant) au https://bellelurette.org
Durée: 2h50 avec entracte de 20 minutes
Photos: Martin Alarie