Des œuvres d’Antonin Dvorak, de Max Bruch et Florence Price, au concert du 22 janvier, auront encore une fois mis en très grande valeur chaque splendide section de l’Orchestre symphonique de Montréal à la Maison Symphonique.
Notre tout premier orchestre, nous ne le conscientisons pas assez, brille non seulement par la qualité de ses instruments, pour la plupart des plus somptueux, prêtés par le mécénat de Canimex, mais notre orchestre scintille aussi par le choix judicieux des meilleurs musiciens rejoignant l’ensemble après de très exigeantes auditions.
Un Dvorák de très haut niveau
L’énergique cheffe Dalia Stasevska, née en Ukraine mais désormais Finlandaise, fut des plus impressionnante lors de chacun des mouvements de la Symphonie no.8 en sol majeur opus 88 d’Antonín Dvorák (1841-1904).
Les premier et troisième mouvements de cette belle réussite symphonique sont aussi célèbres que ceux de la troisième symphonie du grandissime Johannes Brahms, ce grand ami et conseiller encourageant le persévérant Dvorák.
Tous les pupitres de l’orchestre sont sollicités à chaque mouvement puisque les idées musicales abondent et l’originalité rythmique des foisonnantes mélodies entraîne l’auditeur à cette fascination incontournable surtout devant la beauté de notre orchestre si bien dirigé.
Pierre Béique et Otto Klemperer
Une note au programme de concert nous rappelle que cette symphonie fut jouée la première fois en 1953, à l’OSM, sous le bâton du grand chef allemand Otto Klemperer (né à Breslau en 1885), jadis directeur musical et chef de l’OSM.
Klemperer dirigeait assis, car une paralysie l’avait affecté et on le transportait sur scène sur sa chaise comme en litière d’où on le percevait fort inspiré avec sa science musicale immanente.
Pierre Béique dans son superbe livre Ils ont été la musique du siècle, publié en 2001, à compte d’auteur et préfacé par Zubin Mehta, nous rappelle ce qu’est encore l’OSM, surtout les grands moments de la vie musicale exceptionnelle de notre ville et en voici un extrait sous photo autographiée parmi cent notables: « Au charmant et brillant Pierre Béique qui a travaillé indéfatigablement et qui a réussi à élever la vie musicale de Montréal au premier rang, Avec mon admiration et mon amitié, (signé) Arthur Rubinstein. »
L’étonnante cheffe Dalia Staveska n’a pas fait mentir les éloges de Rubinstein avec son énergique passion dans cette symphonie de Dvorák notamment par sa gestuelle vigoureuse alimentant toutes les coutures de l’œuvre d’un par cœur évident.
Le beau violon de Randall Goosby
Le violoniste invité joue sur un Stradivarius de l’an 1708 (prêté par la Fondation Samsung) et il en tire de très beaux phrasés comme il en abonde dans chaque mouvement premier Concerto pour violon et orchestre en sol mineur opus 26.
Ayant orchestré lui-même l’œuvre de Florence Price (1887-1953) à l’origine écrite pour orgue et présentée comme Adoration pour violon et orchestre, dans les faits c’est une composition de quatre minutes que le soliste sustente bien par ce Cantabile naturel, aussi la marque de commerce de la compositrice. C’est un excellent violoniste, mais nous qui avons entendu le violon d’Amaury Coeytaux savons mesurer qui atteint l’empyrée ou l’Olympe absolu du violon.
Une Première d’Anna Thorvaldsdottir
Certes, la compositrice islandaise ouvrait le concert avec Archora, un poème symphonique d’une vingtaine de minutes duquel murmuraient des sonorités associables aux phénomènes terrestres des remuements de l’écorce terrestre, tels des tremblements sismiques.
En somme un assemblage de timbres qui ont laissé le public interdit, un bon quinze secondes après la conclusion de l’œuvre avant que ne surgissent les vivats habituels. Elle était décrite au programme comme « une série d’évocations aériennes, percussives et chromatiques ».
Je doute fort que l’OSM aurait volontiers amené cette œuvre en récente tournée européenne mais l’histoire retiendra qu’elle fut jouée ici sans susciter de bien grands hourras.
Orchestre symphonique de Montréal
Dalia Stasevska, cheffe d’orchestre
Randall Goosby, violon
Œuvres
Anna Thorvaldsdottir, Archora (20 min)
Max Bruch, Concerto pour violon no 1 en sol mineur, op. 26 (24 min)
Entracte (20 min)
Florence Price, Adoration, pour violon et orchestre (orch. Randall Goosby)
(4 min)
Antonín Dvořák, Symphonie no 8 en sol majeur
Photo : capture de la page Facebook de Dalia Stasevska