Sophie Desmarais joue son premier rôle solo au théâtre. L’artiste plonge avec The One Dollar Story du Français Fabrice Melquiot, un récit-théâtre qui tient de l’enquête policière. La comédienne endosse ce texte dense avec une intensité captivante !
Desmarais est si engagée dans cette pièce qu’on a l’impression qu’elle y revit sa propre histoire. Sophie devient devant nous Jodie qui est au chevet de son père adoptif mourant. Cette femme se voit dévoiler un secret troublant sur ses origines. Elle prend alors la route pour aller à la rencontre des témoins de la fragile idylle dont elle est née.
Sans artifice, la comédienne nous entraîne dans son road trip complexe, où l’on croisera les fantômes de son existence. Chacun d’eux intervient à travers les modulations de la voix de l’actrice munie d’un micro. Malgré cela, on a perdu des mots lors de la première. Au-delà du texte parfois cru de Melquiot, c’est avec son langage corporel torturé que cette femme blessée se vide le coeur au sujet de ses parents.
En entrevue aux ArtsZé, il y a quelques semaines, madame Desmarais ne tarissait pas d’éloges à l’endroit du metteur en scène Roland Auzet, dont on a déjà pu apprécier le travail au Prospero avec Dans la solitude des champs de coton, il y a quelques années. Desmarais et Auzet qui iront présenter The One dollar story à Paris, l’an prochain, sont de toute évidence sur la même longueur d’onde. L’artiste français a su guider son interprète qui habite à elle seule toute la scène, durant près d’une heure et demie.
Le décor dans lequel elle évolue se résume à des murs blancs où apparaissent des projections vidéo évoquant le voyage. À l’arrière-scène, un réfrigérateur : tout ce qui se trouve à l’intérieur, qu’il s’agisse de bouteilles d’eau, de fruits, etc., se transformera en projectiles lancés violemment sur scène par Jodie qui ne décolère pas qu’on lui ait menti sur la question fondamentale de ses origines.
Sur la photo ci-dessus, on remarque aussi une minichaîne, car la musique a son importance dans cette histoire où flotte le fantôme de Leonard Cohen. La mémorable chanson Suzanne vient d’ailleurs couronner la grande émotion de la scène finale ! Moment d’une grande beauté !
Après son périple tourmenté, la voyageuse semble enfin un peu apaisée, voire rassurée par un souvenir d’enfance. Cette retouche attendrissante qu’elle avait faite au visage de George Washington sur un billet d’un dollar américain n’indiquait-elle pas déjà la force intérieure de la petite Jodie, déjà encline à la dérision ?
The One dollar story est une pièce intense et plutôt sombre qu’illumine Sophie Desmarais par sa maîtrise de la scène.
The One Dollar Story
Texte : Fabrice Melquiot / Mise en scène : Roland Auzet
Avec : Sophie Desmarais
Vidéo : Pierre Laniel
Coproduction : Le Groupe de la Veillée et ACT Opus (France)
Au Prospero, du 22 mars au 16 avril