Émotions fortes au concert de l’Orchestre métropolitain qui a pris une tournure inattendue, en ce dimanche après-midi (27 février 2022). Quelques heures après le désistement du soliste invité, André Laplante, le pianiste ukrainien Serhiy Salov a accepté de le remplacer au pied levé. En ces jours où le monde retient son souffle devant la guerre en Ukraine, la générosité de cet artiste originaire de la région du Donbass a déclenché des vagues d’applaudissements à la Maison symphonique, où le public n’a pas manqué de manifester sa sympathie au peuple ukrainien.

Crédit photo : Tam Lan Truong
D’entrée de jeu, le chef d’orchestre Nicolas Ellis a ainsi résumé la situation : «en ce moment, nous voudrions tous venir en aide aux Ukrainiens et voilà que c’est un Ukrainien qui nous vient en aide !» Sans hésitation, Serhiy Salov a accepté de remplacer le pianiste québécois André Laplante, aux prises avec des problèmes de santé.
Avec une pointe d’humour, maestro Ellis a expliqué que, pour ne pas retarder les choses inutilement, Salov a préféré passer en revue les principales difficultés de l’oeuvre, avant d’aller s’acheter la partition. On comprend donc que le musicien connaissait déjà par coeur ce concerto du compositeur et pianiste virtuose hongrois.

Crédit photo : Tam Lan Truong
Tout de suite après sa prestation du premier concerto de Liszt, Serhiy Salov a brandi le drapeau ukrainien qu’il a déposé sur ses épaules en le serrant sur sa poitrine. Visiblement ému, l’artiste a brièvement pris la parole en anglais et en français. Il a notamment demandé à la mairesse Valérie Plante de créer une Place de l’Ukraine, à Montréal.
Le pianiste a ensuite interprété le Nocturne op. 48 no 1 de Chopin en y intégrant des extraits de l’hymne national ukrainien.
Certaines sections de la salle étaient éclairées en bleu, d’autres en jaune, rappelant les couleurs du drapeau de l’Ukraine.

Crédit photo : Tam Lan Truong
Malgré les inquiétudes liées à la guerre en cours, le public a visiblement apprécié se laisser emporter par les Danses de Galánta de Zoltán Kodály, inspirées de mélodies folkloriques hongroises.
Énergique et passionné, le chef Nicolas Ellis, collaborateur artistique de Yannick Nézet-Séguin, a aussi trouvé le ton pour s’adresser respectueusement aux spectateurs russes, en soulignant que la population de Russie n’était pas à blâmer pour le déclenchement de cette guerre. Le concert s’est d’ailleurs terminé avec les Danses symphoniques, la toute dernière oeuvre écrite par le compositeur russe Sergueï Rachmaninov, alors qu’il était en exil aux États-Unis.
Invitation à la danse
Orchestre métropolitain / Nicolas Ellis, dir.
Serhiy Salov, piano
Programme :
Kodály : Danses de Galánta / Liszt : Concerto pour piano nᵒ 1 / Rachmaninov : Danses symphoniques
Maison symphonique : 27 février à 15h