William Cloutier fait partie de ces artistes rares dont la trajectoire ne cesse d’éblouir. À seulement 29 ans, il cumule déjà un parcours impressionnant entre musique et théâtre, façonné par ses études et ses nombreuses expériences scéniques. En pleine pandémie, il marque les esprits en remportant Star Académie 2021, puis enchaîne avec un premier album, On ira, qui franchit le cap du million d’écoutes. Mais le véritable tournant de sa carrière survient avec son rôle de Johnny Rockfort dans Starmania, un élu de Luc Plamondon, suivant ainsi les traces de Bruno Pelletier et s’imposant comme une voix incontournable de la scène musicale francophone.
Aujourd’hui, avec son deuxième album pop, Amour, sorti le 14 mars, William Cloutier confirme plus que jamais son talent et sa place dans l’industrie. Cet opus, à la fois moderne et intemporel, regorge de mélodies pop qui pigent dans plusieurs styles, un contraste avec les albums concepts, et de textes profonds, inspirés de ses réflexions personnelles et de ses préoccupations sociales. Et que dire de cette voix ? Un instrument puissant et unique qui sublime chaque chanson.
Au-delà de son talent musical, c’est aussi un artiste d’une grande maturité. À chacune de ses entrevues, il impressionne par sa vision claire et son aisance naturelle. Son chemin semble tout tracé, porté par une étoile qui ne cesse de briller.
William, après cette grande aventure avec Starmania, comment s’est passé ton retour au Québec ?
Tellement bien ! Après 365 spectacles, avec seulement les lundis et mardis de congé, j’ai ressenti un grand manque : celui de ma famille et celui de faire ma propre musique. Mais contrairement à certains, je n’ai pas eu cette sensation que tout s’arrêtait une fois revenu au Québec. J’ai reçu tellement de propositions et d’occasions ! Mon calendrier est déjà bien rempli, j’ai le luxe de choisir mes projets. Et puis, j’ai pu me recentrer sur mon deuxième album, que j’ai terminé à la mi-janvier.
Comment cette expérience t’a-t-elle transformé en tant qu’artiste ?
Starmania a été une formation artistique intense. Vocalement, c’était un défi constant. En termes de crédibilité, c’était une opportunité en or. Chanter une œuvre de Berger et Plamondon, c’est un rêve. Et puis, vendre 1,7 million de billets, c’est un chiffre impressionnant qui témoigne de l’impact du spectacle. J’ai aussi appris à prendre du recul par rapport à ce genre de projet, notamment en enchaînant les interviews et plateaux télé en France.
Comment as-tu vécu ta participation à Star Académie récemment ?
C’était surtout un moment pour féliciter ces jeunes artistes pour leur capacité à s’abandonner. Être là pendant dix semaines, se montrer vulnérable, chanter avec générosité… C’est un privilège d’être témoin de ça. Pour moi, cette présence bouclait une boucle, car c’est à Star Académie que tout a commencé pour moi. C’est aussi là que j’ai commencé à composer.
Et ta performance avec Bruno Pelletier ?
Un moment formidable ! Nous nous étions croisés pour les 45 ans de Starmania à Québec, mais c’était la première fois qu’on chantait ensemble. On a interprété l’une des chansons les plus vertigineuses du répertoire, et j’ai eu l’impression qu’il me passait le flambeau sous les yeux du public. D’ailleurs, j’avais découvert cette chanson à Star Académie à l’époque.
Le voyage te manque-t-il ?
Pas encore ! J’ai encore des valises à défaire… J’ai fait vingt allers-retours en Europe. Après un rythme aussi intense, c’est agréable de retrouver un peu de stabilité. Je savoure le retour. Starmania, c’était un tourbillon : des lumières, de la scène, du public… et puis la solitude à l’hôtel. J’ai fait deux fois le tour de la France, mais ma famille ne pouvait pas toujours me suivre.
Te sens-tu définitivement à ta place dans le showbiz ?
Oui, je me sens sur mon X, surtout avec les critiques positives sur mon nouvel album. Et j’ai aussi fait la paix avec le fait que je ne suis pas obligé de me cantonner à une seule chose. Starmania ne m’a pas fait perdre de crédibilité en tant qu’artiste solo. J’ai aussi exploré le doublage, comme avec Zazou dans Le Roi Lion. Je suis prêt à plonger dans tout projet qui me passionne.
Ton premier album, On ira, a eu un immense succès. Comment vis-tu ça ?
C’est incroyable ! On ira a accumulé six millions d’écoutes en continu. Pourtant, je n’ai pas encore pu le célébrer sur scène avec un spectacle solo. Mais cet été, je vais enfin pouvoir présenter mes chansons dans plusieurs festivals et événements en salle. Toutes les dates seront disponibles sur mon site internet.
Pourquoi avoir choisi de faire des duos sur ton deuxième album, Amour ?
Je voulais poser ma carte de visite dans le milieu musical. J’avais aussi envie de partager mon univers avec d’autres artistes. Là, je veux montrer que la musique se partage. Mon premier album était très personnel, mais cette fois, j’ai voulu explorer la musique autrement, en collaboration. J’ai coécrit plusieurs titres et invité cinq artistes aux styles variés, du country à la pop.
Quelle chanson te représente le plus sur Amour ?
A quel prix est sans doute la plus personnelle. Elle parle de l’équilibre entre carrière et vie privée, du choix que j’ai fait de revenir au Québec pour être plus proche de ma famille. Après deux tournées en France, j’ai réalisé que je ne voulais pas sacrifier ma vie pour la scène.
Comment prends-tu soin de ta voix ?
À l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe, on nous apprenait des exercices vocaux que je trouvais inutiles à l’époque. Aujourd’hui, je comprends à quel point c’est essentiel. J’échauffe toujours ma voix avant de chanter, et je fais attention à mon hygiène vocale. J’ai vite compris l’importance du travail vocal quotidien : étirements, résonance, échauffements… Et maintenant, je ne néglige jamais ma préparation avant un spectacle.
As-tu déjà eu des problèmes vocaux ?
Heureusement, pas de blessure grave, mais j’ai attrapé tous les virus possibles ! Quand on fait autant de spectacles, l’instrument vocal est fragilisé. On finit parfois par chanter même malade. Heureusement, nous étions deux par rôle dans Starmania, ce qui a aidé en cas de souci.
Tu as pris de la carrure, on dirait !
Oui, je vais au gym ! J’ai renforcé mes épaules et amélioré mon cardio, ce qui est essentiel vu l’intensité de mes chansons.
Tes enfants veulent-ils suivre tes traces ?
Ils ne sont pas impressionnés par le fait que je chante ! Pour eux, ça signifie surtout que papa s’absente. Je ne pense pas que ça les intéresse pour l’instant.
Et la masculinité dans ce métier ?
Je suis un papa et un conjoint moderne. Mon couple est basé sur une communication solide, et après 14 ans ensemble, nous sommes très complices. La masculinité toxique est un sujet qui me tient à cœur.
Comment gères-tu l’attention des fans féminines ?
Je connais ce monde depuis longtemps et je n’ai jamais été attiré par ça. J’ai toujours eu peur de ne pas être aimé pour les bonnes raisons. Mon père n’a pas été présent dans ma vie, et cela a peut-être influencé ma vision des relations.
Photos : Éléonore Côté-Savard
William Cloutier sera également au Festival d’été de Québec le 9 juillet.
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