Le 12 avril prochain, la Salle Bourgie offrira un autre récital de distinction en y faisant figurer le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin et sa version des quatre scherzi de Frédéric Chopin.
Au fil des ans et des prix amassés en compétition internationale (soit deux mémorables seconds prix au Concours Musical International de Montréal et au suprême Concours Chopin de Varsovie), Monsieur Richard-Hamelin a fait la preuve qu’il soigne à juste titre sa carrière et son image renouvelée par de solides réalisations.
Deux Hamelin au Québec musical
Son double patronyme -à distinguer de celui du légendaire Marc-André Hamelin connu sous le sigle MAH (de près de trente ans son aîné) pourrait porter à confusion si ce n’était de leurs répertoires choisis : plus vastes et inouïs chez l’aîné, plus caressés je dirais chez cet homme jeune assez « fuerte » comme disent les mélomanes argentins, tout à la fois professeur, concertiste et parfois déjà membre de jurys de concours. Aucun des deux méritoires Hamelin, pianistes, n’enlève rien l’un à l’autre : ils complètent notre trésor national musical.
Un Debussy attendu
À son récital du 12 avril figurera, en entrée de programme, la belle Suite bergamasque de Claude Debussy dont on connaît la survoltante interprétation rendue par Jean-Efflam Bavouzet, sur disque, inspiration qui a tout autant rénové d’intuitions percussives et expressives l’Intégrale des oeuvres pour piano du célèbre compositeur français décédé il y a un siècle. Je dirais tout autant rénovée cette vision de Debussy telle qu’Éric Le Sage l’a fait, lui, avec son Intégrale de l’oeuvre pianistique de Robert Schumann.
Isaac Albéniz
Charles ajoute à son programme du 12 avril une oeuvre de cet Espagnol de pure alacrité du nom moins connu d’Isaac Albéniz, un génie imbu de culture française entouré des plus grands musiciens parisiens de la Belle Époque. À quand tout Ibéria sous les doigts de Charles Richard-Hamelin?
Deux concertos de Chopin
Charles Richard-Hamelin m’avait viscéralement ébloui le tout premier soir de son enregistrement en direct (OSM, Nagano, Analekta) un vendredi soir, tout d’abord avec son triomphant second concerto pour piano et orchestre en fa mineur de Frédéric Chopin joué en tout premier de manière impeccable. Le concerto qualifié officiellement de premier selon la numérotation (mais second dans l’incidence factuelle de sa naissance sous la plume et les doigts de Chopin) m’avait possiblement semblé être le seul, ce vendredi soir-là, qui eût pu recevoir collage, correction, amende, quelque soit le mot à la mode selon ce qui se concocte dans la pâtisserie affriolante des studios d’enregistrement de nos jours.
Le produit final
En recevant l’enregistrement final, une fois sous embellage, je ne le retrouvai plus tel qu’entendu, ni l’un ni l’autre n’avait conservé l’authencité de l’émoi et de la touche magnifiques de ce soir tout de même inoubliable. Époque pré-pandémique, un âge d’Or où les fréquentations des salles ne furent jamais frênées d’hallucinations dites essentielles quoique ici discutables et bénies urbi et orbi mais qui déclaraient l’activité artistique et musicale non essentielle: alors ceci m’étant offensant, je m’attelai à la déclarer vitale cette pratique de l’authentique musique comme le respect de l’unité de l’inspiration in sitio, soit ce moment sur le vif à ne jamais censurer ou masquer ou travestir ou maquiller.
Caractère et détermination
À une époque de pathétique mise en marché de soi à la Yuja Wang, si talentueuse pourtant et ganachée à merci d’effeuillaisons en succédanés de sensibilité, Charles Richard-Hamelin a refusé ces compromissions dommageables tant à la musique qu’à son image et on ne peut qu’admirer son indéniable et revêche force de caractère.
Sa perdurance et persévérance nous rappellent les difficultés aujourd’hui de tenir fermement le gouvernail et de mener en tradition stoïque sa carrière.
Grands Concours en 2025
Cette année, nous irons en s’y déplaçant, nous suivrons donc les concours attendus: ceux de Varsovie, Bruxelles, Montréal et nul doute que d’aussi valeureux musiciens éblouiront notre perception des oeuvres choisies, étudiées, méditées, rappelées à notre entendement.