C’est véritablement une joie apaisante de trouver un petit trésor musical déposé par un vent doux d’automne parmi les nouveautés des artistes valeureux de notre pays, déposé tout discrètement à notre porte! Car il me faut absolument vous parler d’un disque paru chez Analekta intitulé Inspirations : il révèle cinq brillants musiciens d’ici via cinq oeuvres superbes composées ou réaménagées pour cuivres en un quintette à vent par arrangements interposés signés François Vallières et Hugo Bégin.
On tombera en pâmoison profonde devant les beautés du Quintette no. 3 à vent pour cuivres en ré bémol majeur opus 7 du compositeur Victor Ewald (1860-1935). Ce sont la vingt minutes ininterrompues de pur et parfait bonheur en cette seule première oeuvre de l’album! On a ensuite choisi un des quatre sublime mouvements du Quatuor à cordes de Maurice Ravel, le second mouvement marqué Assez vif et très rythmé, suivi ensuite de deux des trois premières Gymnopédies de Satie, archi connues bien entendu, mais qui prennent une texture nouvelle et une dimension de rêverie dans notre stratosphère un tantinet turbulente ces jours-ci…
Puis, comme dessert musical, le Quatuor à cordes opus 96 de Dvorak étendu à cinq instruments cuivrés soit Frédéric Gagnon à la trompette solo, Sylvain Lapointe à la seconde trompette, Pascal Lafrenière au cor, Jason De Carufel au premier trombone et Sylvain Arseneau au trombone basse. Il y a là environ soixante minutes de constantes méditations rassérénantes.Dans notre monde pléthorique en déliquescence où une jeunesse tatouée de pied en cap telle une imaginative fresque ambulante contestataire prenant vaillamment la rue pour manifester contre les oligarchies mondiales soudoyées porte au faîte de notre étonnement le courage au poing, c’est tout à fait une fuite salutaire loin de tout le révoltant… soit ce un pour cent abject des possédant-tout qui refuseront de céder un millimètre de terrain pour ne pas sauver, in extremis, la planète de l’emprise des politiciens proxénètes acoquinés à la déplorable haute finance.
La musique encore une fois nous permet cette évasion salutaire et fait l’éloge de cette beauté sublime des Arts sans lesquels on ne saurait bien vivre. Je sauve ainsi ma peau non pas transpercée de fibules n’ayant rien à voir avec l’acupuncture, mais surtout mon âme non pas auto mutilée mais souffrante, grâce à un tel album tombé du ciel d’automne, car j’ai encore un autre moyen d’échapper au spleen de notre époque surchauffée! Vive l’irremplaçable belle musique et les brillants projets qui scintillent d’innovation intelligente au crépuscule de notre civilisation occidentale jadis encore glorieuse avant le milieu du siècle dernier.
Analekta, Inspirations Buzz Cuivres AN 28776