Plus d’un demi siècle après la publication de Jonathan Livingston le goéland de l’Américain Richard Bach, ce conte philosophique continue d’inspirer des artistes. L’allégorie de cet oiseau que l’amour du vol entraîne dans une quête d’absolu, est au cœur de la pièce Jonathan : la figure du goéland, présentée à la salle Fred-Barry. Il s’agit, en fait, d’un spectacle de théâtre et de danse réunissant des interprètes non handicapés et certains qui le sont. Entrevue avec l’auteur Jon Lachlan Stewart.
«Jonathan en a marre de sa routine, ou plutôt de celle de son clan. Alors, il s’efforce d’apprendre à voler différemment», résume l’auteur et metteur en scène. Le goéland insoumis sera perçu comme une menace dans son entourage et finira par s’exiler. Cette fable a aussi marqué de nombreuses générations à travers une adaptation cinématographique, au son de musiques et chansons de Neil Diamond.
Mais, voilà que la célèbre histoire métaphorique de Bach prend un nouvel envol très «actuel», explique Stewart: «aujourd’hui, bien des gens qui ne correspondent pas aux normes sont montrés du doigt si ce n’est exclus de leur communauté, comme Jonathan. En réalité, notre spectacle est une métaphore de nos difficultés à composer avec les personnes différentes que ce soit au niveau de leur façon de penser ou de leur corps.»
C’est dans cet esprit que l’auteur a fait appel à Luca «Lazylegz» Patuelli, danseur professionnel atypique qu’on a pu voir, entre autres, à l’émission Révolution. Même s’il est atteint d’arthrogrypose, une maladie qui affecte ses jambes, l’artiste a développé son style de danse en utilisant ses béquilles et la force de ses bras. Son travail a été remarqué un peu partout sur la planète. En plus d’être l’un des interprètes de Jonathan : la figure du goéland, Patuelli en signe aussi les chorégraphies.
«L’idée d’une production impliquant des artistes handicapés m’est venue lorsque j’ai entendu Yousef Kadoura, un diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada, parler de la façon dont son handicap apporte des couches de sens supplémentaires aux rôles qu’il interprète.» Kadoura est d’ailleurs l’un des interprètes de Jonathan : la figure du goéland. «Ce n’est pas un spectacle sur la condition de vie des personnes handicapées. C’est plutôt une réflexion sur les limites imposées, ou non, par notre corporalité et aussi par les rapports qu’on entretient avec notre communauté.»
En anglais et en français
Né en Alberta, monsieur Stewart est bilingue, mais son spectacle se déroule surtout en anglais. «Il est très difficile de trouver des danseurs handicapés qui sont aussi comédiens. La plupart des interprètes du spectacle viennent de Toronto et ne parlent pas français.» Les parties du texte écrites dans la langue de Molière seront portées par la comédienne québécoise Marilyn Perreault.
Enfin, Jonathan : la figure du goéland est présentée en collaboration avec la compagnie montréalaise Geordie Theatre qui produit principalement des spectacles pour jeune public en anglais depuis plus de 40 ans.
Jonathan : la figure du goéland
Texte : Jon Lachlan Stewart, librement inspiré de l’oeur de Richard Bach
Mise en scène : John Lachlan Stewart
Chorégraphie : Luca «Lazylegz» Patuelli*
Interprètes : Yousef Kadoura, Marilyn Perreault, Luca «Lazylegz» Patuelli, Julie Tamiko Manning et Lesly Velázquez.
Conception sonore : Lefutur
À la salle Fred-Barry, du 23 novembre au 11 décembre
Pour les détails, cliquez sur : programme du spectacle
*Sur la première photo : Luca «Lazylegz» Patuelli, danseur et chorégraphe