Hubert Lenoir au Festival de Jazz ! L’annonce de ce spectacle en avait laissé plusieurs perplexes ! Ce chanteur populaire allait-il jeter son dévolu sur des mélodies de Chet Baker ? Rodgers and Hart ? Le public de l’auteur-compositeur de Darlène le suivrait-il dans cette aventure ? Une fois de plus les sceptiques auront été confondus ! Lenoir et ses fans ont fait la fête très tard ce dimanche soir, avant de quitter le vénérable théâtre du Gesù, «around midnight», heure emblématique de l’univers nocturne du jazz. Compte-rendu d’une soirée mémorable !
D’entrée de jeu, l’énergumène crée la surprise avec sa tenue des grands soirs ! Souriant sous ses lunettes fumées, il ouvre le bal avec It could happen to you qu’interprétait Chet Baker bien longtemps avant la naissance d’Hubert ! Il est question ici de croire en ses rêves pour qu’ils se réalisent et ça colle à la peau de l’artiste de 27 ans qui est parmi les plus populaires au Québec depuis quelques années déjà. Lenoir en possède bien le phrasé musical et il s’offre quelques mesures de scat au grand bonheur de ses jeunes admirateurs qui n’en croient ni leurs yeux, ni leurs oreilles !
«C’est tellement aux antipodes de ce qu’on fait habituellement», souligne le chanteur qui se produit en général dans des shows rock avec batterie et synthétiseurs.
Mais voilà qu’il réalise que plusieurs sièges sont inoccupés tout juste devant lui ! Il peste alors contre les organisateurs du Festival de jazz qui ont donné des billets à des invités qui n’ont pas daigné se présenter. Jouant les Robin des Bois, il invite les spectateurs plus éloignés de la scène à venir s’installer dans ces sièges restés vides. On rigole et on obéit !
Accompagné du pianiste Gabriel Desjardins et du saxophoniste Félix Petit, il livre ensuite une version habilement jazzée du classique de Ferland, Si on s’y mettait. Avec toute la désinvolture qu’on lui connaît, le showman ondule des hanches, trottine sur scène et grimpe sur un haut-parleur comme s’il allait s’envoler. C’est le délire dans la salle ! Qui d’autres saurait soulever pareil enthousiasme chez les jeunes d’aujourd’hui avec une pièce écrite il y a plus de cinquante ans par un pionnier de la chanson québécoise ?
Avec un plaisir manifeste, le trio offre aussi des versions jazzées de plusieurs chansons de Lenoir dont Recommencer, Secret et la bien nommée Wild and free, en alternance avec des standards du jazz dont My funny Valentine avec sa choriste Nadia Baldé. Quelle belle complicité entre ces deux là ! Parmi les meilleurs morceaux de la soirée : This guy’s in love with you de Burt Bacharach et Hal David que le jeune homme écoutait en boucle à l’époque où il a enregistré son premier disque.
Reprenant son chapeau, il multiplie les courbettes en inclinant la tête un peu à la manière de Michael Jackson sur les affiches du film This is it.
Talentueux, audacieux et irrévérencieux, Lenoir relate qu’on l’a bien averti de se comporter respectueusement au Festival de jazz et d’éviter entre autres de lancer son micro par terre. Il le fera, pourtant, après avoir offert en rappel Fille de personne. Porté par l’énergie de son public, Lenoir monte sur un siège au milieu de la salle pour interpréter le plus célèbre de ses refrains, avec la foule qui chante et qui danse à minuit 20 au Gesù… on ne voit pas ça souvent !
Lenoir avait promis un concert unique au Festival de jazz ! Il a osé et gagné son pari !
Hubert Lenoir était au Gesù, le 3 juillet, dans le cadre du FIJM
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