La présence du chorégraphe Roger Sinha, sur scène, ajoute un caractère unique à son spectacle D’os et d’écorce. L’artiste y joue d’un instrument très ancien, le didgeridoo, entouré de quatre danseurs et deux danseuses qui eux aussi participent à la trame sonore avec, entre autres, leurs respirations bien audibles et leurs vocalises. Ils deviennent, en quelque sorte, des corps musicaux.
Sinha met en lumière, entre autres, les tensions entre l’individu et la société. D’entrée de jeu, une main se fraie un chemin entre des corps attroupés, puis c’est une jambe qui apparaît, avant qu’un corps entier parvienne à s’extraire du groupe. Duos, trios, tableaux de groupes et solos évoluent avec la musique qui est elle aussi, d’une certaine façon, un personnage.

Photo de Sihna Danse
D’abord, le didgeridoo est imposant et intrigant. Il s’agit d’une trompe en bois, qui serait une lointaine cousine du cor des Alpes ou du tongqin tibétain. On dit que cet instrument, joué par les Aborigènes du Nord de l’Australie, pourrait remonter à l’âge de la pierre (20 000 ans) ! À ces sonorités d’un autre temps, s’ajoutent les percussions live de Bertil Schulrabe et la vibrante trame sonore de Katia Makdissi-Warren, où l’on entend, les chanteuses de gorge inuites Nina Segalowitz et Lydia Etok.
Né en Angleterre d’une mère arménienne et d’un père indien, Roger Sinha puise, une fois de plus, dans son riche héritage culturel et crée, ici, une danse contemporaine aux influences gestuelles indiennes. La danse classique et les arts martiaux semblent avoir aussi inspiré le chorégraphe. Malgré les frictions entre le groupe et l’individu, les danseurs restent présents aux autres, notamment, par le regard. La symbiose est magnifiquement illustrée par ces bras qui parviennent à entourer affectueusement l’autre.
En résumé, D’os et d’écorce allie remarquablement danse et musique, rythme et émotions. Ce spectacle de 60 minutes pourrait aussi constituer une belle entrée en matière pour ceux qui veulent découvrir la danse contemporaine.
D’os et d’écorce
Chorégraphie : Roger Sinha, en collaboration avec les danseurs
Interprètes : David Campbell, Sébastien Cossette-Masse, Marie-Ève Lafontaine, Benoît Leduc, Erin O’Loughlin, François Richard
Musiciens : Roger Sinha au didgeridoo, Bertil Schulrabe aux percussions
Musique : Katia Makdissi-Warren et Roger Sinha
Voix sur la bande sonore : Lydia Etok et Nina Segalowitz au chant de gorge Inuit
Costumes Lyne Beaulieu
Agora de la danse
22, 23, 24 janvier, 19h
25 janvier, 16h
Durée : 60 minutes