IMAGE et NATION – Le film Les Crevettes pailletées
Le monde des gais où l’envers est à l’endroit et l’endroit tout à l’envers!
Le titre de la comédie de moeurs Les crevettes pailletées n’a pas de quoi, à prime abord, saisir l’attention des gens d’ici parce que les paillettes et les crevettes ne vont pas spontanément ensemble. Sauf si on parle de nage synchronisée, alors là les apprentis ou pseudos Sylvie Fréchette du milieu gai montréalais comprendraient mieux qu’on refait la comédie de Pédale Douce, cet inoubliable film avec Patrick Timsitt et Fanny Ardant qui fut -il y a bien quinze ans- un succès retentissant au Québec comme en France.
Cependant, me direz-vous, nage synchronisée n’est pas Water Polo. Et ici, le scénario amalgame natation, water-polo et nage synchronisée comme si, quand on se jette à l’eau, nu ou pas, il faut savoir tout oublier pour prendre vraiment son plaisir (ou volontairement tout confondre!). Ainsi on aura un croisement entre ces sports aquatiques, la preuve que pour les gais, quand il ne reste que le maillot à distinguer, lesbiennes ou fou-folles gaies, tout le monde s’amuse ensemble et tout finit par aboutir aux mêmes éclats de rires!
Néanmoins, de bout en bout, le film est toute une réussite et il a de quoi faire rire aux éclats les machos les pus constipés surtout avec les chansons parodiques en lip sync dont une assez tordante avec des travelos qui incarnent Céline Dion et Mario Pelchat… Bien entendu, il y a surenchère de mélanges de réalités et de rêves, de fantasmes et de déconvenues terre-à-terre. Ainsi, il y a un peu de vrai à la fête perpétuelle que furent à la limite de l’euphorie totale, jadis, les Gay Games (de 1984 à 2010, je les ai tous faits, je dirais que ce fut absolument fantastique comme esprit festif, de quoi oublier les clowns de la vie publique et politique ayant mené notre planète à sa banqueroute écologique, hélas, les deux dernières éditions des Gay Games à Cleveland et Paris furent des ratés notoires).
Mais qu’importe, on embarque volontiers avec cette proposition de scénario de fête en dépit de tous et de chacun, où l’envers est à l’endroit et l’endroit complètement à l’envers. Si on ignore la politique des États et Nations du Monde contemporain, on ne saisira pas, aussi, l’improbabilité de la fiction d’un tournoi de Gay Games en Croatie (comme ils ne se tiendront probablement jamais dans l’homophobe Russie de Poutine d’ailleurs).
Ce qui nous fait marcher droit au but des péripéties c’est le corps et le visage d’un beau nageur olympique, Matthias (joué par Nicolas Gob) qui se voit contraint pour se racheter à une sanction pour propos homophobes: sa fédération lui donne la chance de se racheter s’il accepte de devoir accompagner une équipe gaie afin de s’ouvrir un peu le coeur et se relâcher les traits du visage un tant soit peu. Le prétexte de ce voyage, les Gay Games, offre l’occasion à l’équipe gaie, d’user d’un autocar de Paris à Split où il se familiarise avec l’art de vivre à fleur de peau y compris comment apprendre à diriger les entraînements rocambolesques d’une équipe de gars vraiment pas ordinaires.
Le film permettra au public (surtout celui qui saisit bien le langage croustillant des gais français et l’argot parisien) de se divertir sans relâche. Beaucoup de beaux mecs en maillot de bain, une ouverture au plaisir, une folie permanente sachant se moquer du sport de haute performance avec un rapprochement père-fille, car Matthias se métamorphose, sa jeune fille fascinée par la joie de vivre des athlètes de son père-entraîneur. Le fameux athlète de nage olympique découvre un vrai plaisir à se lâcher avec ces garçons étranges jusqu’à en oublier les Jeux Olympiques, la natation, les vrais standards des temps à rencontrer, tant pis pour les bonzes des fédérations nationales.