Le film récemment oscarisé du meilleur documentaire intitulé No Other Land (à l’affiche au Cinéma du Parc) dont un des réalisateurs a été appréhendé puis torturé un mois après sa réception applaudie au célèbre Olympe d’Hollywood demeurera le témoignage d’une suite d’événements traumatiques sans remède possible.
On affirmera sans doute que les milliers de Palestiniens expulsés de leurs villages à coup de bulldozers sont le plus à plaindre mais ce sont plutôt, à mon avis, les jeunes soldats israéliens faisant leur service militaire obligatoire qui déploient les yeux les plus désespérés : on les voit, sans relâche, à l’écran, en action prétendument légale proférant des paroles contredites par leur regard affolé.
Comme s’ils prenaient chaque fois conscience de la fourberie de leurs paroles sous la caméra documentaire, car leur action de décision d’expulsion territoriale tenue dixit « de haute cour » les pourchassera manifestement à jamais en conscience jusqu’à la fin de leurs pitoyables jours.
Sous le triste soleil d’une Terre maudite
Les Palestiniens argumentent au contraire, durant ce film, tous leurs plaidoyers vaillants de reproches mérités envers leurs persécuteurs en action soldatesque violente et inhumaine: ces villageois expulsés détiennent le droit humanitaire et l’indéniable regrettable rôle de victimes de l’outrageante persécution.
Aucune réconciliation ne sera jamais possible: chaque famille palestinienne a perdu un membre ou des familles entières, toutes désormais en attente de Justice réparatrice, alors que ces expulsions manu militari opérées (par rasage de villages entiers sous le soleil de la supposée Terre Sainte) accusent pour toujours l’outrancière arrogance d’une contrée suprémaciste divisée en deux agresseurs co-belligérants.
Colons et religieux dans de beaux draps
Primo, en total déni de faute par collaboration, les colons sionistes apparaissant masqués armés de machettes et de fusils pour démolir les maisons de ces villages et, aussi, secundo, à leur corps défendant, les supposées opposants religieux israéliens antisionistes via leur rhétorique de justification divine. En réalité l’un et l’autre alimentent leur discours réciproque de supériorité morale, sociétale, biblique ou juridique et aussi d’élection divine.
Un Dieu juste ne souhaite ni assassinat ni extermination
Les citoyens religieux dits intégristes se justifient de textes anciens pour affirmer être le peuple élu, sur quoi les colons sionistes le capitalisent comme l’argument suprême et, sans contradiction possible, tel un axiome de sainteté, que la Volonté suprême bénit ce triomphe afin de justifier la prise, reprise ou saisie de toutes les Terres.
Des centaines de villages détruits
À l’écran défilent ainsi les massacrantes arrestations, les destructions d’écoles, d’hôpitaux, puis la persécution de tout secouriste ou journaliste ou travailleur humanitaire (faits accélérés depuis le 7 octobre 2023) même en ses récits les plus justificatifs « d’atrocités » narrées à l’univoque et de plus en plus en crise de crédibilité fragilisée. Ces accumulations douteuses ont rendu la justification impossible et désormais elles exigent un serment de dupes pour qui nie les contreparties.
Aggravations impardonnables
On ajoutera aux images du film les blocus actuels de vivres, d’eau, de médicaments ou d’aide au plus grand crime de bombardements de civils jamais commis sans le moindre état d’âme sous les yeux de la communauté internationale de laquelle aucune absolution ne sera plus possible.
Étayer la vengeance au lieu du pardon
Non seulement la réconciliation restera pour toujours invraisemblable mais c’est le constat que cette Terre est à jamais maudite, appropriée de force ou de ruse ou non: les vainqueurs apparents ne pourront jamais venir en aide morale et psychologique à ces jeunes soldats via lesquels la force militaire s’est accomplie.
Cette usurpation, cette mise à mort d’un peuple entier tout proche, jamais cette jeunesse en service militaire employée à un tel forfait criminel, jamais elle ne pourra s’en laver les mains et encore moins la conscience. C’est un suicide.
Et c’est ce que ce documentaire accomplit comme prodige cinématographique de réflexion dramatique sans que l’on soit jamais partie prenante au conflit: au jugement souhaité désormais caduc, l’inexpiable auréole de malédiction étreindra l’inexpugnable vainqueur couvert des sanglants lauriers de son odieuse rapine.
Au Cinéma du Parc
No Other Land: Réalisé par Yuval Abraham, Basel Adra, Hamdan Ballal, Rachel Szor Avec Yuval Abraham, Basel Adra, Hamdan Ballal.